Des policiers et des directeurs d'agences environnementales ont été sanctionnés à la suite du rapport d'enquête sur la mort de trois manifestants, le 18 juin dernier. Le gouvernement a accepté et appliqué toutes les recommandations de la commission d’enquête.
La police gambienne a officiellement été reconnue coupable d’avoir ouvert le feu sur des manifestants, selon les résultats de l’enquête rendus publics il y’a 72 heures. Dans le rapport, la commission d’enquête, composée de cinq membres et piloté par le magistrat Emmanuel Joof a parlé de la désorganisation, tout en mettant en exergue la surenchère instaurée par les hommes en tenue. Les causes principales des affrontements violents entre la population de Faraba Banta et la police gambienne : « Les éléments de la police d’intervention sur le terrain […] sont responsables de la fusillade sur les villageois et responsables de la mort et des blessures par balles qui leur ont été infligées ».
Les enquêteurs de la commission ont également pu établir avec certitude que quatre policiers Musa Fatty, Musa Badjie, Nuha Colley et Momodou Z Jallow avaient utilisé des munitions au moment de l’incident. Ils ont depuis été arrêtés et poursuivis pour meurtre. La totalité des policiers ayant ouvert le feu n’a néanmoins pas été identifiée par la commission, notamment en raison des casques et autres vêtements anti-émeutes qu’ils portaient.
En tant que supérieur hiérarchique des policiers, et parque qu’ils ont été présents sur les lieux tout au long des faits, le surintendant Babucarr Cham est aussi tenu pour responsable de la conduite de ses hommes, ont précisé les enquêteurs de la commission. Pour rappel, l’inspecteur général de la police Landing Kinteh, le directeur général de la police gambienne au moment des faits, avait démissionné trois jours après la mort des manifestants.
« La Gambie est résolument décidée à appliquer la loi et à ne plus accepter l’impunité »
À la suite des recommandations faites dans le rapport, le gouvernement a mis fin le 29 septembre aux fonctions du chef du village de Faraba Banta, Nuha Kujabi, et dissout le conseil des anciens du village. Le gouvernement a également recommandé au conseil régional de Brikama de dissoudre l’actuel comité de développement villageois de cette localité et, de faciliter la création d’une nouvelle entité avec effet immédiat.
L’État gambien a ainsi mis en place un comité d’indemnisation, sous la coupe des ministères de la Justice et des Finances, chargés de traiter toutes les demandes d’indemnisation recommandées par le secrétariat général à la présidence de la République de Gambie.
L’agence nationale de l’Environnement et le département de Géologie en faute
De leur côté, deux dirigeants des agences environnementales ont également été sanctionnés. Le directeur Momodou Suwareh et, celui du département de géologie, Abdoulie M. Cham. Ils ont été suspendus pour six mois et privés de salaire.
Le rapport d’enquête a en effet révélé qu’il n’y avait eu aucune étude d’impact sur l’environnement réalisée dans la zone à exploiter, conformément à la loi, avant l’octroi d’un permis d’exploitation à la société Julakay Ltd. L’on a par ailleurs précisé qu’il n’y avait eu aucune garantie suffisante de restauration, après l’achèvement des activités minières comme requis par la loi…
Au regard de toutes ces précisions, l’’État gambien a résolu de suspendre la licence de l’exploitant minier Julakay Ltd, qui ne sera plus renouvelée par le département de géologie de Gambie après son expiration en décembre prochain. Toutes les activités d’extraction de sable dans le village ont été interdites jusqu’à ce qu’une évaluation appropriée des incidences sur l’environnement soit réalisée par un consultant indépendant.
Nicole Ricci Minyem