C’est une annonce faite par la première dame, Sylvia Bongo Ondimba, qui a précisé que la convalescence du président avait auparavant fait l'objet d'un étrange ballet entre Rabat, Libreville et Riyad, aux frontières des relations personnelles et de la diplomatie.
Le président gabonais sera amené dans un hôpital de Rabat, mercredi 28 novembre en provenance de Riyad, en Arabie saoudite : « Le chef de l’Etat gabonais était hospitalisé depuis le 24 octobre, à la suite d’un accident vasculaire cérébral, ayant nécessité une intervention chirurgicale et un placement en coma artificiel. Demain, mercredi 28 novembre, SEM le président de la République, le Chef de l'Etat gabonais, Ali Bongo Ondimba, mon époux, quittera l'hôpital du Roi Fayçal de Riyad en Arabie Saoudite ».
Annoncé mort par plusieurs organes de presse, le président va donc poursuivre en terre marocaine, une convalescence qui est devenue, au fil des rebondissements, le feuilleton le plus suivi par les Gabonais. Depuis le 24 octobre, les rumeurs allaient en effet bon train au sujet de l’état de santé du président. À chaque jour son lot de spéculations et d’interrogations, favorisées par la quasi-absence de communication officielle sur le sujet. Dernier épisode en date : l’imbroglio autour du lieu où il poursuivrait sa convalescence.
Depuis plusieurs semaines, des discussions se déroulaient en coulisses entre le Palais Royal marocain et l’entourage du chef de l’État gabonais. En Arabie saoudite, au chevet de son époux, Sylvia Bongo Ondimba avait préparé son transfert vers Londres. La Première dame y a ses habitudes et y dispose d’une résidence dans le quartier huppé de Mayfair, à deux pas d’Hyde Park et du palais de Kensington.
Proposition royale
Sylvia Bongo Ondimba et la présidence gabonaise, notamment Brice Laccruche Alihanga, le directeur de cabinet, avaient tout prévu, y compris l’admission du chef de l’État dans une clinique spécialisée du centre-ville. Selon quelques indiscrétions et relayées par les confrères de la presse internationale, le 21 novembre, rassurée par l’évolution de l’état de santé de son époux, Sylvia Bongo Ondimba préparait le départ dans les plus brefs délais Mais les heures ont passé, et Ali Bongo Ondimba ne s’est pas envolé vers la capitale britannique.
Le Roi Mohammed VI a aménagé un établissement hospitalier militaire pour des raisons de sécurité et également pour préserver l’intimité de Ali Bongo Ondimba
Le 22 novembre, Sylvia Bongo Ondimba a en effet reçu un appel du roi du Maroc, Mohammed VI. Depuis plusieurs jours, celui-ci insistait pour que son ami d’enfance vienne passer sa convalescence dans son pays. Il avait fait aménager un établissement hospitalier militaire, notamment pour des raisons sécuritaires et des impératifs de confidentialité. Les liens d’amitié entre Mohammed VI et ABO, datant de leur enfance. Ce n’est un secret pour personne. Le président gabonais a passé une partie de son adolescence au Maroc et les deux hommes se sont régulièrement revus alors que leurs pères, eux aussi amis, présidaient encore aux destinées de leurs pays respectifs.
Le président gabonais est resté un habitué du Maroc, particulièrement de Marrakech et de Tanger, où il a l’habitude de séjourner place Merchane, au sein du palais des hôtes royaux. Le roi du Maroc apprécie également le Gabon, où il séjourne fréquemment et où il détient une propriété à la Pointe-Denis, en face de Libreville.
Attachée à la solution londonienne, Sylvia Bongo Ondimba s’est finalement laissée convaincre. Ce 27 novembre, elle a indiqué que le président, en concertation avec elle, avait « fait le choix d’accepter la proposition d’accueil de son frère, Sa Majesté le Roi du Maroc Mohammed VI » et comptait « mettre à profit cette brève convalescence pour recouvrer ses pleines capacités physiques ». « Nous lui en sommes extrêmement reconnaissants ».
Nicole Ricci Minyem