Julien Nkoghe Bekale est le nouveau premier ministre gabonais. Il a été nommé le 11 Janvier, par Ali Bongo, qui est toujours en convalescence au Maroc.
Alors que les populations ne se sont pas encore remises après le second coup d’Etat de son histoire, Ali Bongo principal concerné par ce putsch manqué, n’a fait aucun commentaire sur cet épisode militaire grave, alors que ses concitoyens attendaient qu’il s’exprime sur la question. Ce vendredi dans la nuit, comme si de rien n’était, Jean-Yves Teale, le secrétaire général de la Présidence gabonaise annonce que le président gabonais malade, aurait pris un décret nommant un nouveau Premier ministre. Il s’agit du député du Komo Mondah (Estuaire) Julien Nkoghe Bekale.
Un décret qui arrive, alors que le Premier ministre sortant, Emmanuel Issoze Ngondet qui assurait toujours les affaires courantes, n’a aucunement déposé sa lettre de démission, comme de coutume. Il a été muté comme médiateur de la République
Dans un climat politique lourd miné par la convalescence prolongée d’Ali Bongo depuis près de 3 mois et la récente tentative de coup d’Etat militaire survenu le 7 janvier, c’est donc dans la confusion que les Gabonais ont accueilli ce décret pris par un président qui n’a toujours pas daigné condamner, même depuis son exil médical au Maroc, le coup d’Etat militaire qui aurait pu lui coûter le fauteuil présidentiel.
Dans ce cafouillage politique le plus total, alors que des doutes planent toujours sur sa capacité à diriger le pays, c’est donc un Ali Bongo qui aurait daigner enfin sortir de sa maladie pour signer ce décret présidentiel. Le promu, Julien Nkoghe Bekale, âgé de 56 ans, était avant sa nomination que les hommes de média qualifie de nocturne, le ministre des PME et de l’Artisanat de l’équipe gouvernementale sortante.
Ce militant de longue date du Parti démocratique Gabonais (PDG, au pouvoir depuis 1968) a été plusieurs fois ministres dans les précédents gouvernements d’Ali Bongo. Il a notamment occupé le portefeuille des Mines, du Pétrole et des Hydrocarbures en 2009 et celui des Transports et de l’Equipement en 2011. En 2012, son nom avait déjà été évoqué pour remplacer le Premier ministre sortant de l’époque Paul Biyoghe Mba. Par cette nomination, la Primature est de retour dans l’Estuaire, comme le veut la tradition non écrite des régimes Bongo.
Rappelons que cette nomination intervient alors que ce vendredi après-midi a eu lieu au palais Léon Mba de Libreville, l’élection du nouveau bureau de l’Assemblée nationale. Cette élection devait inexorablement être suivie de la nomination d’un nouveau gouvernement qui devrait être connu au plus tard ce lundi 14 janvier. A l’issue de quoi, cette nouvelle équipe devra prêter serment devant un Ali Bongo toujours en convalescence à Rabat. Là encore si la désormais tradition constitutionnelle est respectée.
Au sein de la population, c’est avec une indifférence que la décision présidentielle est tombée. Certains confrères de la presse écrite gabonaise estiment que, le Gabon est une sorte de monarchie et, la jeunesse du Président Ali Bongo aurait été salutaire, s’il n’était pas le fils de son père. Il s’agit juste de la continuité des gestions des affaires du pays, de feu Ali Bongo Ondimba à travers son héritier. Toutefois, le coup d’état a été vivement condamné, car, en Afrique Centrale, les populations devraient, selon les analystes politiques, apprendre à mieux s’exprimer par les urnes, au lieu de prendre les armes, qui est un autre facteur de sous développement.
Nicole Ricci Minyem