Une cinquantaine d’Ong libanaises et internationales ont fait part ce mardi de la nécessité d’ouvrir une enquête de l’ONU sur l’explosion du 4 août 2020 au port de Beyrouth. Ils ont dénoncé les manquements de l’enquête libanaise qui n’a abouti à aucune conclusion.
En août dernier, après la catastrophe, le Liban a refusé toute enquête internationale, réclamée par des familles de victimes, des organisations internationales et plusieurs pays occidentaux. L’explosion, causée par un incendie dans un entrepôt abritant des tonnes de nitrate d’ammonium, avait fait plus de 200 morts et 6.500 blessés, dévastant la moitié de la capitale.
Etudier la responsabilité de l’Etat libanais
Les autorités libanaises ont admis d’elles-mêmes que la substance avait été entreposée là « sans mesure de précaution ». Alors que le pays commémorera le 4 août le premier anniversaire de cette tragédie, l’enquête libanaise n’a toujours pas rendu ses conclusions publiques.
Dans une lettre adressée au Conseil des droits de l’Homme de l’Onu, 53 ONG réclament donc « une enquête ou une mission d’établissement des faits ». L’objectif est de déterminer « si le comportement de l’Etat a provoqué ou contribué » à l’explosion, « une tragédie aux proportions historiques ».
Pas de volonté de mener une enquête crédible
« Les dix mois depuis l’explosion ont été marqués par les obstructions, les élisions, les retards des autorités », dénoncent les ONG. La lettre cite « des ingérences politiques flagrantes, l’immunité des hauts responsables politiques, le manque de respect des normes d’un procès équitable et des violations de la procédure régulière ».
En février, un premier juge d’instruction chargé de l’enquête avait été récusé après avoir inculpé le Premier ministre démissionnaire Hassan Diab et trois anciens ministres. Le nouveau juge d’instruction Tarek Bitar doit bientôt entamer des interrogatoires. Il a reçu fin mai un rapport technique rédigé par des enquêteurs français dépêchés à Beyrouth après le drame.
L’enquête libanaise a pour objectif affiché de déterminer les causes de l’explosion et de comprendre les raisons de la présence de ce stock de nitrate d’ammonium, abandonné dans le port depuis plusieurs années.
« Les autorités libanaises ont eu plus de 10 mois pour prouver qu’elles avaient la volonté et qu’elles étaient capables de mener une enquête crédible », a rappelé Aya Majzoub, chercheuse à Human Rights Watch. « Mais elles ont échoué à tous les égards».
N.R.M