Ils sont nombreux côté démocrates à vouloir déloger Donald Trump de la Maison Blanche. Le sénateur noir américain Cory Booker a lui aussi lancé le 1er février, sa candidature à l’élection présidentielle de 2020 sur un message de rassemblement
Quatre femmes, deux Noirs, un Hispanique, un homme ouvertement homosexuel… Dans l’attente d’une possible entrée en piste de poids lourds comme Joe Biden ou Bernie Sanders, la dizaine de candidats déclarés s’illustre par une diversité déjà record.
Construire un pays dont les dirigeants inspirent de la fierté, pas de la honte
« En travaillant ensemble, nous avons accompli des choses que d’autres pensaient impossibles », a lancé le charismatique sénateur du New Jersey, devant sa maison d’un quartier populaire de Newark. Sans cravate, col ouvert lors d’une conférence de presse en plein air, cet ancien maire de Newark (2006-2013) a évoqué la lutte pour les droits des Noirs aux Etats-Unis, s’est posé en défenseur des plus faibles et a pourfendu ceux qui prêchent la division, mais sans citer le républicain Donald Trump
Célibataire, âgé de 49 ans, Cory Booker avait annoncé sa candidature dès le petit matin dans une vidéo : « L’histoire de notre nation est définie par l’action collective, par les destins entrelacés des esclaves et des abolitionnistes, de ceux qui sont nés ici et de ceux qui ont choisi l’Amérique comme leur maison », y déclare-t-il. Il évoque les difficultés auxquelles sa famille a dû faire face pour se loger en raison de sa couleur de peau, avant qu’un groupe d’avocats blancs se mobilise pour défendre ses droits : « Ils ont changé le cours de ma vie ». Et toujours sans le nommer, il tacle au passage Donald Trump, qui briguera un second mandat en 2020, en disant vouloir « construire un pays » dont les dirigeants inspirent « de la fierté, pas de la honte ».
Une politique de la main tendue
Très expressif, connu pour ses éclats de rire contagieux mais aussi ses tirades passionnées lors d’auditions au Sénat, il a enchaîné avec une série d’interviews télévisées, dont plusieurs en espagnol, signe que l’électorat hispanique pourrait être décisif en novembre 2020. Le sénateur depuis 2013 aime à souligner ses bonnes relations de travail avec certains républicains, comme lorsqu’il a œuvré à faire passer récemment une loi réformant en profondeur la justice pénale.
Mais cette politique de la main tendue pourrait lui nuire lors des primaires démocrates alors que beaucoup d’électeurs de gauche sont en colère face aux républicains de Donald Trump. Ses liens avec de grandes entreprises, forgés pendant ses années passées à la mairie de Newark, près de New York, pourraient aussi peser sur sa candidature à l’heure où le parti démocrate opère un net recentrage à gauche.
Cory Booker est le quatrième sénateur démocrate à se lancer pour l’élection de 2020, après l’ancienne procureure noire de Californie, Kamala Harris, la grande critique de Wall Street Elizabeth Warren et la New-Yorkaise Kirsten Gillibrand, pilier de la lutte contre le harcèlement sexuel. « Il y aura bien des rivalités comme entre frères et sœurs. Mais au final, nous formons une famille », a affirmé Cory Booker sur la chaîne ABC. L’ancien maire de San Antonio, Julian Castro, aspire lui à devenir le premier président hispanique des Etats-Unis. Viennent compléter les rangs un jeune maire, Pete Buttigieg, ancien militaire ouvertement homosexuel, l’ex-élu de la Chambre des représentants, John Delaney, la jeune élue de la chambre basse Tulsi Gabbard, ainsi qu’un entrepreneur peu connu d’origine Asiatique, Andrew Yang.
D’autres personnalités sont pressenties, comme Bernie Sanders, candidat malheureux en 2016 à la primaire démocrate face à Hillary Clinton, le charismatique quadragénaire texan Beto O’Rourke ou encore l’ancien vice-président de Barack Obama, Joe Biden, ainsi que le milliardaire Michael Bloomberg. Joe Biden écrase les premiers sondages, qui reflètent surtout à ce stade le niveau de notoriété. Mais depuis qu’elle s’est lancée en campagne, fin janvier, Kamala Harris a grimpé à la troisième place, derrière Bernie Sanders. Donald Trump a d’ailleurs salué le début de campagne de la sénatrice dans les pages du New York Times, jeudi, remarquant qu’elle avait attiré « une meilleure foule, un meilleur enthousiasme ».