Emmanuel Ramazani Shadary annule une visite dans le Kasaï après des heurts
Le candidat du parti au pouvoir, a annulé sa visite à Tshikapa, dans la province du Kasaï. Des heurts avaient éclaté ce 18 Décembre dans la matinée, en marge d'une manifestation contre la venue du dauphin désigné de Joseph Kabila dans ce fief de l'UDPS d'Étienne Tshisekedi. Une personne a été tuée.
À cinq jours du premier tour de l’élection présidentielle en République démocratique du Congo, une manifestation contre la venue du candidat Emmanuel Ramazani Shadary a dégénéré dans la ville de Tshikapa, dans la province du Kasaï.
Au moins une personne tuée
« Les militaires, qui sont venus en renfort de la police débordée, ont ouvert le feu pour disperser les manifestants. « Une femme qui vendait des braises charbon de bois, au niveau du marché Sokajik a été touchée à la tête. Elle est morte sur le champ », a rapporté un responsable d’une Organisation Non Gouvernementale congolaise présente sur place.
Les organisateurs de cette rencontre, mis au courant du risque d’échauffourées, ont annulé l’arrivée du président Joseph Désiré Kabila, le temps pour eux, de ramener le calme et, de convaincre les congolais qui militent au sein des autres partis politiques.
Des vidéos postées sur les réseaux sociaux montrent des centaines de jeunes, parfois bâtons en main, marchant en scandant des chants hostiles à l’arrivée d’Emmanuel Ramazani Shadary, le candidat soutenu par le président sortant, Joseph Kabila. « Pour l’instant la ville est paralysée », a rapporté Fabien Ngweshi, journaliste basé à Tshikapa cité par l’AFP. « Seuls les militaires en armes et les policiers circulent mais on observe des regroupements de jeunes qui veulent affronter les forces de l’ordre », a-t-il ajouté.
Sept morts depuis le début de la campagne
« La tension est vive. Dans ces conditions, on ne peut pas permettre à notre candidat d’atterrir. Nous avons annulé son arrivée aujourd’hui le temps de calmer la situation », a déclaré à l’AFP un responsable local de la majorité présidentielle, sous couvert d’anonymat.
Dimanche, à Tshikapa, au moins une personne a été tuée et 81 autres blessées dans des heurts entre des partisans du pouvoir et ceux de l’opposition à l’occasion de la venue d’un candidat de l’opposition, Félix Tsisekedi. Le Kasaï est un fief de Félix Tshisekedi et de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS) dont il est le président. Selon plusieurs sources, au moins sept personnes sont mortes dans les violences pré-électorales depuis le début de la campagne, le 22 novembre. Un bilan que les autorités nient.
Les multiples heurts que les congolais vivent depuis le lancement de la campagne présidentielle laissent interrogateurs. A qui profite ce climat délictuel alors que les électeurs se préparent à choisir celui qui va présider à leur destinée au cours des cinq prochaines années.
En attendant de trouver des réponses à cette question, les mesures sont prises par les responsables de la commission nationale électorale, afin que le matériel électoral, détruit pendant l’incendie qui a ravagé les bureaux de l’organisme en charge de l’organisation de cette élection, soit acheminé vers les bureaux de vote, à quelques jours du scrutin. En effet, le président Corneille Nangaa séjourne actuellement à Johannesburg en Afrique du Sud, pour superviser cette opération. Dans les prochaines heures, l’on attend entre autres les fiches de rédaction des procès verbaux ainsi que les fiches de dépouillement.
Nicole Ricci Minyem