Mariama Keïta, la première femme journaliste du Niger, est décédée le lundi 29 octobre 2018 à Niamey à l'âge de 72 ans, des suites d'une maladie.
"Nous venons d'apprendre le décès de Mariama Keita, la doyenne de la presse nigérienne", a écrit Ibrahim Moussa, un proche de la défunte, sur sa page Facebook. Plusieurs télévisions locales ont confirmé la mort de Mariama Keïta "des suites d'une longue maladie".
Selon un communiqué diffusé à la télévision du ministère nigérien de la Communication, la journaliste est décédée lundi en Turquie.
Née en 1946 à Niamey, Mariama Keïta a été la directrice de la Voix du Sahel, la radio d'Etat où elle avait débuté comme rédactrice et présentatrice du journal. Elle a occupé de 2003 à 2006 le poste de présidente du Conseil supérieur de la Communication (CSC), organe chargé de la régulation des médias au Niger.
Mariama Keïta était également une figure de la société civile et avait dirigé la Coordination des organisations non gouvernementales et associations féminines nigériennes, un collectif d'une cinquantaine de structures, puis l'Association pour la démocratie, la liberté et le développement, une des toutes premières ONG du pays. Elle avait participé à la vulgarisation de la Constitution, qui avait permis la tenue des premières élections démocratiques du Niger en 1993.
Madame Mariama Keïta était à la tête de l’Association pour la démocratie, la liberté et le développement, qui œuvre depuis sa création pour une bonne gouvernance au Niger. Elle est également présidente de la Commission information, communication et formation. Elle a été directrice générale de Radio Niger. Mariama Keïta est la première journaliste du Niger à recevoir un diplôme de Maisons-Laffitte, en France. Elle détient une quinzaine de certificats de formation professionnelle, en plus d’une licence d’anglais de la faculté des Lettres de l’université Abdou Moumouni à Niamey.
De 1992 à 1993, elle a été responsable de l’élaboration et de l’exécution d’un projet visant à sensibiliser les gens sur la constitution et les élections législatives et présidentielles en vue des premières élections démocratiques du Niger. En 1993 et 1994, elle a co-géré un projet de formation pour les membres de l’Association Démocratie, liberté et développement, ainsi que ceux de la société civile, sur le renforcement institutionnel des ONG pour une culture démocratique. Ce ne sont là que quelques-uns de ses projets.
Membre de la classe intellectuelle du Niger, Mariama œuvrait auprès des médias, des entreprises, des organismes non gouvernementaux et des associations. Elle a également été formatrice en gestion au Centre national de perfectionnement, et a été présidente, de 1994 à 1997, de la Coordination des organismes non gouvernementaux et associations féminines nigériennes. Cet organisme, connu sous le nom de Congafen, est le premier regroupement d’ONG et d’associations de femmes qui s’occupe de regrouper et de coordonner les activités de ces organismes de façon démocratique et transparente.
Sa disparition intervient après la mort le 16 octobre, à l'âge de 70 ans, du journaliste nigérien Amadou Ousmane, ancien directeur de l'Agence nigérienne de presse (ANP). Amadou Ousmane était l'auteur de plusieurs ouvrages, dont "Quinze ans ça suffit", un roman sur la corruption en Afrique écrit en 1977 et adapté au cinéma en 1983.
Otric N.