Les deux hommes ont affiché la bonne entente qui semble régner entre eux et, ont laissé apparaître que la signature d’une alliance entre leurs formations politique ne fait l’ombre d’aucun doute, à moins de deux ans de la présidentielle de 2020.
Les autres apparitions de Guillaume Soro et Henri Konan Bédié, montrent deux hommes, marchant côte à côte mais, désormais ils avancent main dans la main. Mieux, à Daoukro, le 17 décembre dernier, Henri Konan Bédié et Guillaume Soro dansaient ensemble sur le même tempo, sous les applaudissements de la foule. Ces deux fins politiques le savent : parfois, quelques images valent plus que des mots.
La rencontre de cette semaine intervient plus d’un an après leur dernier tête – à – tête. La mise en scène de leurs chaleureuses retrouvailles a été finement préparée. Tambours et trompettes, larges sourires, haie d’honneur : le président de l’Assemblée nationale ivoirienne a été accueilli en grand pompe à Daoukro, le fief de son aîné. Comme un prince, mieux encore, comme un ami, un allié… ont estimé plusieurs médias ivoiriens et un membre du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI).
Alors que les images de cette rencontre ont été largement diffusées, rien n’a filtré sur son contenu. Depuis un an et demi, les deux hommes s’emploient à souligner leur proximité. En juillet 2017, au lendemain des mutineries dans le pays, alors que la relation entre Alassane Ouattara et Guillaume Soro s’était largement dégradée, l’ancien chef de la rébellion est allé à Paris, dans l’appartement du président du PDCI. Depuis, des émissaires, notamment Affoussiata Bamba-Lamine, ancienne ministre de la Communication et proche de Soro, n’ont cessé de faire le lien entre ces deux hommes qui partagent le goût des cigares et de la provocation.
Le rendez- vous du 17 Décembre dernier, avait tout d’un pied de nez à l’égard d’Alassane Ouattara. Longtemps allié du président ivoirien, il a rompu avec la coalition présidentielle au mois d’août et le parti unifié voulu par le chef de l’État. Un projet vertement critiqué par Guillaume Soro, qui continue à entretenir la confusion et le flou sur ses intentions.
S’il est en marge du parti, Guillaume Soro est en effet toujours officiellement vice-président du Rassemblement des républicains (RDR). Il a néanmoins refusé de se rendre à l’assemblée constitutive du parti unifié RHDP, au mois de juillet 2018 et, il n’a pas encore dit s’il se rendrait au congrès, prévu le 26 juillet 2019.
L’heure de la clarification
Déjà, au sein du parti présidentiel, on prévient et menace : l’heure de la clarification est arrivée : « Si Guillaume Soro n’adhère pas au RHDP, il va devoir quitter la présidence de l’Assemblée nationale » estime Adama Bictogo. Et, au sein de l’hémicycle, les grandes manœuvres ont débuté : « Il serait plus raisonnable qu’il démissionne, sinon, nous avons les moyens de le faire partir », assure un des responsables du parti présidentiel, agitant la possibilité d’une destitution.
Alors qu’il n’a jamais caché ses ambitions présidentielles, Guillaume Soro n’a encore rien révélé de ses intentions pour 2020. Pourrait-il renoncer à briguer la magistrature suprême pour former un ticket avec Henri Konan Bédié ? Les deux hommes se gardent bien de répondre. Mais en s’affichant, comme s’ils étaient en campagne électorale, c’est bien ce qu’ils voulaient suggérer.
Nicole Ricci Minyem