La candidature à la présidentielle d’octobre prochain est remis en cause. A moins d’avoir gain de cause en Appel de cette décision, Guillaume Guigbafori Soro est disqualifié pour la compétition à la tête de l’Etat.
Un nouveau mandat d’arrêt vient d’être émis à l’encontre de l’ancien président de l’Assemblée nationale de Côte d’Ivoire. Avec cet autre retournement, Guillaume Soro se voit ainsi interdit de se présenter à la présidentielle d’octobre. Accusé d’avoir acheté en 2007 sa résidence d’Abidjan avec des fonds publics, il est condamné à « 20 ans d’emprisonnement ferme et à 4,5 milliards de francs CFA d’amendes », de même que la confiscation « de sa maison et la privation de droits civiques ».
M. Soro, depuis son interdiction d’atterrir à Abidjan, vit en France. C’est d’ailleurs depuis la capitale française qu’il organise son déploiement pour la prochaine présidentielle en côte d’Ivoire. Guillaume Soro devra en outre verser 2 milliards de francs CFA (3 millions d’euros) de dommages et intérêts à l’Etat de Côte d’Ivoire.
L’ancien patron de forces nouvelles de Côte d’Ivoire, candidat à la présidentielle d’octobre 2020, a été condamné à vingt ans de prison pour « recel de détournement de deniers publics » et « blanchiment de capitaux » par le tribunal correctionnel d’Abidjan au terme d’une audience boycottée par ses avocats.
Ces derniers disaient avant la tenue de l’audience : « cette audience ne doit pas avoir lieu. Si elle se tient, les magistrats en porteront la responsabilité. La Cour africaine des droits de l’homme avait ordonné à l’Etat de Côte d’Ivoire de revenir au statu quo ante », c’est-à-dire de revenir à la situation antérieure aux poursuites, avait déclaré à l’AFP (Agence France Presse) avant l’audience.
Ces propos sont précisément de l’ancienne ministre et avocate de Guillaume Soro, Me Affoussiata Bamba Lamine, justifiant le boycotte de l’audience par les conseils de l’ancien chef rebelle.
Pendant très longtemps, allié du président Alassane Ouattara, qu’il a aidé à accéder au pouvoir pendant la crise post-électorale de 2010-2011, Guillaume Soro, âgé de 47 ans, était devenu premier ministre, puis président de l’Assemblée nationale, avant de se brouiller, puis de rompre avec le chef de l’Etat début 2019. Par la suite, il a ouvertement affiché ses ambitions pour briguer la fonction présidentielle, la seule qui manque à son palmarès politique. Outre l’affaire de recel et de blanchiment, G. Soro fait l’objet de poursuites depuis fin décembre 2019 pour une tentative présumée d’« insurrection » en Côte d’Ivoire.
Stéphane NZESSEU