C’est samedi dernier que le RHDP a organisé son premier congrès ordinaire. Lors de cet événement consacrant la naissance du parti unifié, Alassane Ouattara a évoqué la possibilité de briguer un 3e mandat en 2020 et annoncé qu’il donnerait sa décision l’année prochaine.
Le président de la Côte d’Ivoire a déclaré lors de ces assises samedi 26 janvier, lors du congrès ordinaire du Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP) qu’il préside que : « Tout le monde pourra être candidat. Même ceux qui sont absents » au congrès, a-t-il déclaré, chemise blanche et chapeau beige sur la tête. S’adressait-il à Guillaume Soro ? Comme prévu, le président de l’Assemblée nationale a brillé par son absence.
Soro, qui avait annoncé, début janvier, au chef de l’État son intention de bouder l’événement, a réaffirmé sa position jeudi 24 janvier en début de soirée lors d’un nouveau tête-à-tête à la résidence du président de la République. En déplacement jusqu’au 20 février, Soro a délégué son pouvoir de président de l’Assemblée nationale à l’un de ses vice-présidents. Sa démission de celle-ci devrait intervenir dans les prochaines semaines.
L’événement était organisé au stade Félix Houphouët-Boigny d’Abidjan devant plus de 50 000 personnes. En fin de matinée, il y avait fait une entrée remarquée effectuant un tour d’honneur dans une ambiance surchauffée.
Comment sera composé le RHDP ?
Il s’est ensuite exprimé pendant près d’une heure. Un discours mobilisateur et offensif à l’égard de ses adversaires politiques. « J’ai souffert, ma famille a souffert. J’ai tout pardonné, mais je veux qu’on se souvienne qu’il y a eu des moments de honte à cause de certaines personnes », a notamment déclaré le chef de l’État, entouré pour l’occasion de son épouse Dominique et de son frère Téné Birahima Ouattara, d’habitude discret. Des propos qui visaient sans doute les anciens présidents Henri Konan Bédié et Laurent Gbagbo.
Ce premier congrès ordinaire du RHDP marquait la création effective du parti unifié tant souhaité par ADO. Ses structures seront finalisées avant la fin du 1er semestre de cette année. Mais sa composition définitive est loin des espérances du chef de l’État, tant il ressemble à un RDR bis (Rassemblement des républicains). Depuis le refus du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI, ancien parti unique fondé par Houphouët) d’intégrer le RHDP, l’UDPCI du ministre Albert Toikeusse Mabri est la seule force politique d’envergure à accompagner le RDR. Daniel Kablan Duncan, Patrick Achi, Jean-Claude Kouassi, Alain-Richard Donwahi, Kobenan Kouassi Adjoumani ou encore Lenissongui Coulibaly étaient présents
Plusieurs cadres du PDCI, en désaccord avec la décision de leur parti, étaient néanmoins présents ce samedi. Le vice-président Daniel Kablan Duncan, le secrétaire général de la présidence Patrick Achi, les ministres Jean-Claude Kouassi, Alain-Richard Donwahi et Kobenan Kouassi Adjoumani, ou encore Lenissongui Coulibaly. L’ancien directeur de cabinet de Henri Konan Bédié a même lu une motion d’hommage au président Ouattara. En revanche, le président du Sénat et celui du Conseil économique et social, Jeannot Ahoussou-Kouadio et Charles Diby Koffi, étaient absents.
ADO n’a pas mentionné une seule fois le nom de son ancien allié mais le Sphinx de Daoukro a sans doute eu les oreilles qui ont sifflé tant les allusions à sa personne ou ses actes ont été nombreux : « Les fiançailles doivent aboutir à un mariage. Ce n’est pas bien de profiter des fiançailles et de partir avant le mariage », a déclaré Ouattara, en référence à son ancienne alliance avec le PDCI.
Recevant le même jour dans son village de Daoukro, Bédié n’a pas manqué de lui envoyer une pique. « Au moment où nos adversaires du RHDP unifié se réunissent avec pour bagages de l’huile, du riz, des chiffons et du pain, sans lesquels ils ne pourront faire du nombre. Ici à Daoukro, rien de tout ce folklore », a lancé le président du PDCI.