C’est sa première visite, dans ce pays considéré comme un allié certain, dans la lutte contre le terrorisme dans la zone du Sahel
Malheureusement, la visite du président français n’enchante pas les partis politiques de l’opposition. Les leaders ne s’expliquent pas, ce qu’ils nomment « indifférence de la France », au regard de la politique sociale. Cette dernière, souffrirait d’un déficit démocratique et de libertés. Devant les micros de nos confrères de RFI, ils remettent dès lors en question, l’amitié entre les deux pays :
« On ne peut pas être président d’un pays dit patrie des droits de l’homme et des libertés et ami d’un chef d’Etat qui ne donne aucune possibilité à son peuple de s’exprimer avec tous leurs modes d’expressions et de jouir des ressources de leur pays. Monsieur Emmanuel Macron, la France est-elle amie du Tchad ou de Monsieur Idriss Deby Itno », interroge Max Kemkoye, président de l’Union des démocrates pour le développement et le progrès.
Le député et président d'un parti d'opposition, Ngarlejy Yorongar, dénonce quant à lui, cette visite qui vient conforter le pouvoir du président Idriss Déby : « Pour moi, c’est inapproprié. Si Macron a pris la décision d’aller rendre visite à Idriss Déby qui a les mains pleines de sang, je dis bien pleines de sang, je crois qu’il est passé complètement à côté. Qu’est-ce Macron devrait dire au président Déby dès qu’il est là ? Qu’il lui dise que 28 ans c’est trop, bientôt 29 ans ; et qu’il essaye de retirer un peu son épingle du jeu. Il faut qu’il lui dise dans le creux de l’oreille que ce n’est pas bon, parce que nous ne sommes plus à l’époque où un chef d’Etat africain peut se permettre d’arrêter des gens, de les torturer, de les tuer... »
La Coordination des partis politiques pour la défense de la Constitution est tout aussi indignée, mais espère qu’en venant à Ndjaména, le président français appréhendera mieux ce que vivent les Tchadiens.
« On aurait aimé au moins que ce pays s’intéresse un peu au calvaire que vivent les populations tchadiennes, estime Poddi Djimé Bichara, le porte-parole. La visite du président Emmanuel Macron devrait peut-être lui permettre de tâter du doigt les réalités du drame tchadien».
C’est un tout autre son de cloche, que l’on entend du parti au pouvoir. De ce côté, on se félicite de cette visite. le Mouvement patriotique du Salut (MPS), à travers son porte parole Hassan Sylla Bakari, appelle l’opposition à dépasser les débats locaux pour mettre en avant le Tchad :
« Ces hommes politiques, il faudrait qu’ils s’affranchissent de la politique politicienne pour se mettre au niveau de l’Etat. Les relations entre le Tchad et la France ne tiennent pas seulement à Déby et à Macron. Pour ce qui est de la démocratie, ces messieurs feraient bien de préparer plutôt leurs partis à affronter le MPS pour les futures élections que je sais d’avance qu’ils vont perdre ».
Au MPS, avance Jean-Bernard Padaré, le secrétaire national pour les questions juridiques et d'éthique politique parle d’une opposition qui serait régulièrement dans la contestation : « Le Tchad et la France sont deux partenaires historiques. Le Tchad est important pour la France et vice versa. Nous pensons que cette visite ne peut que renforcer les liens d’amitié, de fraternité, de coopération qui lient nos deux pays. Le Tchad est un exemple de lutte efficace contre le phénomène du terrorisme ».
Et, toujours dans la dynamique dithyrambique, M. Padaré, garantit au micro de nos confrères de RFI que: « Contrairement à l’opposition, très critique et qui dénonce les violations des droits de l’homme, « le Tchad garantit les libertés », et est même « un exemple, en tout cas en Afrique centrale, de la démocratie, de la liberté de la presse. Il y en a qui sont toujours dans la dénégation que le peuple tchadien s’est gréé au président Idriss Déby».
Nicole Ricci Minyem