Xu Zhang Run a suffisamment fait véhiculer les contenus de ses essais dans les milieux intellectuels, où on ne compte que rarement des publications qui tentent de remettre en cause la politique de Xi Jinping.
Son essai avait provoqué d’interminables secousses dans le monde intellectuelle chinois si l’on remonte au cours de l’été 2018. Sa production était considérée comme révélateur du ressentiment absorbé par un grand nombre de ses confrères qui n’ont jamais eu le moindre courage d’indexer le pouvoir. Les lignes de cet essai, avaient abondamment été repérées sur WeChat, reconnu comme le réseau social le plus répandue au sein de l’empire du milieu. Une situation qui va provoquer une conséquence immédiate, l’essayiste va être suspendu de ses fonctions de professeur de droit à la prestigieuse université Tsinghua de Pékin. L’institution universitaire a d’ailleurs lancé contre lui une enquête disciplinaire lundi 25 mars.
L'objet de la suspension de l’essayiste
Il est reconnu à Xu Zhang Run, la qualité de lettré respecté. Il avait publié en mois de juillet dernier un texte dont l’intitulé est : « Nos peurs et nos espoirs du moment », une manière pour lui de critiquer le Président Xi Jinping. En tant qu’intellectuel, il mettait en étalage la dérive du régime qui selon lui tend à un « pouvoir personnel », après l’abolition de la limite de deux mandats pour le Président de la République, texte adopté en début 2018. Il ajoute : « je m’interroge : assistons-nous à la fin de l’ère des reformes et de l’ouverture, et à un retour vers un régime totalitaire ? »
En décembre, dans un autre de ses essais, publié par la version chinoise Financial Times, Xu Zhang Run pensait que la période de prospérité entamée par Den Xiaoping en 1978 avait connu sa fin avec l’arrivée au pouvoir de Xi Jinping en 2013. Ce qui a fait dire à un chercheur proche de l’écrivain que celui-ci a publié huit essais depuis l’an dernier. Le simple fait qu’il ait pu les publier malgré la censure montre que des gens haut placés, à l’intérieur du système partagent son analyse. Une vision qui est aussi partagée par plusieurs autres chercheurs qui préfèrent aussi garder l’anonymat. Pour eux, « la Chine devrait s’ouvrir au monde, avoir une attitude bienveillante. Notre point de vue n’a pas changé, c’est la Chine qui a changé ». Une traduction dans les faits, de la forte adhésion autour la position de Xu Zhang Run.
Innocent D.H