L’ancien Premier ministre et son épouse ont demandé que les débats soient rouverts alors que le jugement doit être rendu ce lundi.
Une requête introduite le 11 Mars dernier, alors que le couple Fillon prenait la parole en dernier. Mais, au terme des trois semaines mouvementées de leur procès devant la 32ème chambre du tribunal judiciaire de Paris, ils avaient simplement laissé les juges se retirer pour délibérer. Rendez-vous était pris pour ce lundi.
Mais finalement plutôt que de dévoiler leur jugement à 13h30 comme prévu, les trois magistrates pourraient finalement annoncer la réouverture des débats.
L’ancien Premier ministre François Fillon et son épouse avaient réclamé que leur procès reprenne afin de « discuter » de la façon dont l’enquête a été menée au moment des faits. La faute à Eliane Houlette. Cheffe du parquet national financier aujourd’hui à la retraite, elle a révélé, le 10 juin, devant une commission de l’Assemblée nationale, avoir subi des pressions de la procureure générale justement sur ce dossier des emplois prétendument fictifs de Penelope Fillon.
Rien ne s’oppose à ce que les débats reprennent
La déclaration est grave. Suffisamment pour que le camp Fillon rejoue la petite musique selon laquelle leur champion a été la cible d’un complot politique à l’instant pile où il était le favori pour remporter la présidentielle. En faisant cette sortie sous serment, Eliane Houlette voulait sans doute d’abord régler ses comptes avec son ancienne supérieure –« un vrai crêpage de chignons », selon un observateur – mais elle a tout de même balancé quelques informations problématiques.
Notamment sur la façon dont le juge Serge Tournaire a été nommé pour enquêter sur les Fillon ou sur la transmission d’un rapport suspect de dix pages dont personne ne sait encore aujourd’hui où il a véritablement atterri.
Depuis, les proches de l’ancien Premier ministre bombent le torse. Ils rappellent qu’on les a pris, au mieux, pour des « zozos », au pire, pour des « complotistes » alors que leurs soupçons étaient légitimes. « Le président de la République vient d’ordonner une enquête du Conseil supérieur de la magistrature pour faire toute la lumière sur cette affaire, rappelle l’un d’eux. Les magistrats de la 32e chambre seraient bien avisés d’attendre les résultats de cette enquête avant de prononcer leur jugement ! »
Dans les faits, rien ne s’oppose à ce que le délibéré prévu ce lundi soit reporté et que les débats au fond reprennent : « Le tribunal à travers les trois membres qui le composent est indépendant. C’est à lui seul de prendre la décision et de l’annoncer », confie une source judiciaire. Mais il a sans doute déjà compris qu’un refus de rouvrir la discussion pourrait être perçu comme la confirmation qu’il y a bien eu un problème lors de l’enquête…
Penelope Fillon, « assistante » ou « épouse » ?
Attentif, François Fillon n’a toutefois pas prévu de s’exprimer avant de connaître la décision des juges, selon Antonin Lévy, son avocat. Nul doute qu’il le fera s’ils lui refusent sa rallonge. Rangé des voitures de la politique depuis l’échec à la présidentielle, il a fait de ce procès une question « d’honneur ».
De toute façon, « l’élection est perdue, mon courant de pensée aussi… », avait –il lâché à la barre lors du procès avant de marteler que sa femme avait bien exercé le métier de collaboratrice à ses côtés et non pas occupé un emploi fictif.
Sur ce point décisif, le doute est encore permis. Les trois semaines du procès n’ont pas permis de trancher la question de savoir si Penelope était vraiment une « assistante parlementaire » comme l’assure la défense ou que ses actions relevaient plus « du rôle social de l’épouse » de tout député, comme le pense le parquet national financier. Celui – ci avait requis une lourde peine de cinq ans de prison dont deux fermes à l’encontre de François Fillon.
N.R.M