Plusieurs chefs d’Etat de la SADC [Conférence de coordination pour le développement de l'Afrique australe] et de la CIRGL [Conférence internationale sur la région des Grands Lacs] actuellement présidé par le Congo-Brazzaville, sont attendus dans la capitale de ce pays, ce 26 décembre. L’annonce a été faite le 21 décembre dernier par la Namibie qui dirige actuellement la SADC après une tournée préparatoire du ministre congolais des Affaires étrangères, Jean-Claude Gakosso.
A trois jours de la présidentielle en République démocratique du Congo (RDC) et après une campagne marquée par des violences, Brazzaville ne cache pas son inquiétude face au risque d’une crise post-électorale, et des répercussions qu’elle pourrait avoir dans la sous-région, et dit vouloir adresser un message d’apaisement à tous les acteurs du processus électoral en RDC.
Selon RFI, cinq chefs d’Etat avaient confirmé leur présence la veille, selon le ministre congolais des Affaires étrangères. Le Sud-Africain Cyril Ramaphosa, très impliqué dans le processus électoral en RDC, le Namibien Hage Geingob, président en exercice de la SADC, le Zambien Edgar Lungu à la tête de l’organe de défense et de sécurité de l’organisation, le Botswanais Masisi, et l’Angolais João Lourenço en première ligne avec ses plus de 2 500 kilomètres de frontière avec la RDC. Autres voisins, le Rwanda et Ouganda ont prévu, eux, de dépêcher leurs ministres des Affaires étrangères.
Quid du président Joseph Kabila ? Sera-t-il représenté ? La veille, il s'agissait de la grande inconnue. La question n’était pas tranchée. Son conseiller diplomatique, Barnabé Kikaya, se plaignait que son pays n’ait été formellement invité que dans l’après-midi. «Un sommet de cette envergure ne s’improvise pas», et encore moins à quelques jours d’une élection qui mobilise les autorités, expliquait le conseiller.
Quoi qu’il en soit, rapporte le média français, ce sommet témoigne d’un climat de «méfiance et d’inquiétude» dans les pays de la région. «La campagne a été d’une rare violence et le report du scrutin a créé le trouble», confie un diplomate. «Tout semble indiquer que cela pourrait déboucher sur une crise grave», s’inquiète également le ministre congolais des Affaires étrangères, Jean-Claude Gakosso, qui dit vouloir «tendre une main fraternelle» à son grand voisin dans le respect de sa «souveraineté».
A en croire RFI, dans l'entourage du président Denis Sassou Nguesso on dit avoir un peu hésité avant d'initier ce sommet, échaudés par la susceptibilité dont a souvent fait preuve Kinshasa sur la question de sa souveraineté. D'autant que les relations entre les deux chefs d'Etat ne sont pas au beau fixe. En témoigne entre autres, l'absence de Kinshasa au sommet sur le fond bleu organisé à Brazzaville en avril dernier. Les coups de fil entre les deux présidents se sont raréfiés, souligne un diplomate.
Mais Brazzaville dit avoir reçu plusieurs sollicitations pour ne pas rester les bras croisés. De source diplomatique, il aurait été question de cette initiative au dernier sommet de la Francophonie, lors du tête-à-tête entre Denis Sassou Nguesso et le président Emmanuel Macron. Plus récemment, le ministre belge des Affaires étrangères, Didier Reynders, l'aurait lui aussi suggéré avant que le président angolais ne dépêche à son tour à Brazzaville son ministre de l'Intérieur sur le même sujet.
L'inquiétude grandissante face aux violences qui ont émaillé la campagne électorale en RDC a pesé le plus. Les chancelleries occidentales, soucieuses de ne pas apparaître en première ligne et de voir la communauté internationale sur le continent africain et au-delà afficher une unité de vue sur la RDC, suivront avec intérêt les conclusions de ce sommet.
Otric N.