Une alerte a été lancée ce dimanche à Brumadinho, dans le sud-est du Brésil, face au risque d’une rupture imminente d’un second barrage minier, après la catastrophe qui a fait au moins trente sept morts et trois cent disparus, au début de ce week end.
Samedi, le dernier bilan officiel faisait état de 34 corps retrouvés dans la marée de boue qui s’était écoulée du barrage, mais les pompiers ont annoncé dimanche que trois autres avaient été comptabilisés. Les recherches de survivants, qui auraient dû reprendre dans la matinée après avoir été interrompues samedi soir, ont été suspendues après l’alerte donnée en raison du risque de rupture d’un autre barrage : « Ce risque est réel, c’est pourquoi nos équipes ont interrompu les recherches et se consacrent uniquement à l’évacuation de la population qui habite les zones qui pourraient être touchées », a indiqué aux journalistes le chef du corps des pompiers local, Pedro Aihara.
Evacuation d’urgence
La compagnie minière Vale a indiqué dans un communiqué avoir actionné les alarmes après avoir « détecté une hausse des niveaux de l’eau dans le barrage VI », structure qui fait partie de la mine Corrego do Feijao, dont le barrage I s’est rompu vendredi. L’entreprise a souligné que le barrage VI « ne contient pas de déchets miniers », mais environ 3 à 4 millions de mètres cubes d’eau.
Samedi, les secouristes ont retrouvé un autocar destiné aux salariés totalement englouti, avec plusieurs corps sans vie à l’intérieur, qui n’ont pas pu être extraits et n’ont pas encore été comptabilisés officiellement.
« 10 % des barrages n’ont pas leur stabilité assurée »
Le président Jair Bolsonaro, qui a survolé la zone samedi, a annoncé ce dimanche sur Twitter qu’une délégation de l’armée israélienne allait arriver sur place dans la journée pour porter main forte aux autorités locales, avec 140 hommes et 16 tonnes de matériel. Un porte-parole des pompiers a expliqué qu’ils apporteraient des appareils munis de sonars capables de localiser des corps à grande profondeur, qui seront utilisés à partir de lundi.
Pour Luiz Jardim Wanderley, spécialiste des mines à l’Université de l’Etat de Rio de Janeiro, d’autres catastrophes de ce type pourraient avoir lieu à l’avenir. « C’est tout à fait possible que cela se reproduise. (…) Environ 10 % des barrages n’ont pas leur stabilité assurée, ou il manque des informations sur leur état réel. Il reste un nombre assez élevé de barrages qui continuent à opérer sans les conditions de sécurité appropriées au Minas Gerais », a-t-il expliqué.
2,6 milliards d’euros bloqués sur les comptes de Vale
Après le drame, la justice brésilienne a bloqué 11 milliards de réais (2,6 milliards d’euros) sur les comptes du géant minier brésilien Vale à titre de réparations pour la rupture du barrage. Le parquet de l’Etat de Minas Gerais (sud-est), a indiqué ce dimanche avoir bloqué 5 milliards de réais samedi soir, destinés spécialement à l’indemnisation des victimes.
Un autre gel de 5 milliards de réais, a également été ordonné samedi, à titre de réparations pour les dégâts environnementaux causés par l’écoulement d’un torrent de boue de déchets miniers. Vendredi, au soir de la tragédie, la justice avait déjà bloqué 1 milliard de réais, sans préciser la destination des fonds.
Le Parquet a par ailleurs demandé que Vale assure l’hébergement dans des hôtels ou des logements loués à cette fin des personnes qui ont perdu leur domicile dans la tragédie.