Dans un rapport publié Mercredi, cet organisme a ciblé le Mali, le Niger et le Burkina Faso et laisse entendre que « Près de 200 personnes, dont des personnes déplacées internes, ont été victimes d'homicides illégaux ou de disparitions forcées entre février et mars 2020 ».
Les rédacteurs du document affirment aussi que : « des dizaines de personnes ont été arrêtées arbitrairement, et l'on reste sans nouvelles d'un certain nombre d'entre elles… Certains des homicides commis s'apparentent à des exécutions extrajudiciaires, et des personnes déplacées internes font partie des victimes ».
Le rapport, intitulé « Ils en ont exécuté certains et emmené d’autres avec eux » : Péril pour les populations civiles dans le Sahel, appelle les gouvernements de ces pays « à mettre un terme à l'impunité concernant les violations régulièrement commises par leurs forces de sécurité contre des populations non armées, et à veiller à ce que les opérations militaires soient conformes aux droits humains et au droit international humanitaire… »
Plus loin, on lit : « L'insécurité règne au Sahel, où la population est piégée entre les attaques des groupes armés et les opérations militaires en cours. On sait que l'armée procède à chaque fois à des dizaines d'arrestations arbitraires, et que certaines des personnes arrêtées ne réapparaissent jamais, mais on ignore l'ampleur réelle des violations commises par les forces de sécurité », a déclaré Samira Daoud, directrice pour l'Afrique de l'Ouest et l'Afrique centrale à Amnesty International…
« Jusqu'à présent, les engagements des gouvernements du Mali, du Burkina Faso et du Niger promettant de remédier à ces violations n'ont pas été suivis d’effet. Les autorités de ces pays doivent de toute urgence enquêter de manière rigoureuse sur ces violences, dont beaucoup pourraient constituer des crimes de guerre, et veiller à ce que la population soit protégée pendant les opérations militaires contre des groupes armés», poursuit – elle.
Ces trois pays sont confrontés à la menace de groupes armés tels que le Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans (GSIM) et l'État islamique au grand Sahara (EIGS).
Ces violations se sont produites dans le sillage du sommet de Pau, en France, qui a réuni le 13 janvier 2020 les pays du G5 Sahel, dont les trois pays évoqués ci-dessus, et la France, et lors duquel ces pays ont réaffirmé leur partenariat dans la lutte contre l'insécurité au Sahel.
Des villageois arrêtés et exécutés illégalement au Mali
Au Mali, l'armée a lancé des opérations de grande ampleur dans les communes de Diabaly et de Dogofry, dans la région de Ségou. Ces opérations ont donné lieu à diverses violations des droits humains à la suite d'attaques de groupes armés contre les forces de sécurité.
Amnesty International a pu confirmer au moins 23 cas d'exécutions extrajudiciaires ou d'autres homicides illégaux et 27 arrestations arbitraires suivies de disparitions forcées aux mains de l'armée malienne dans les communes de Diabali et de Dogofry, entre le 3 février et le 11 mars 2020.
Le 16 février, à Belidanedji, les forces de sécurité ont procédé à l'exécution extrajudiciaire de cinq personnes, que les villageois ont ensuite enterrées, et à l'arrestation de 18 autres, dont on est sans nouvelles depuis.
Exécutions extrajudiciaires au Burkina Faso
Amnesty International a aussi recueilli des informations faisant état de violations flagrantes des droits humains commises par les forces de sécurité du Burkina Faso entre mars et avril 2020. Dans au moins deux cas, les forces de sécurité ont soumis des personnes à des disparitions forcées – dont des personnes déplacées internes–, avant de les tuer.
Plus de 100 villageois victimes de disparitions forcées au Niger
Au Niger, 102 habitants de la région de Tillabéri, dans le sud-ouest du pays, ont été arrêtés et soumis à une disparition forcée par l'armée dans le cadre de l'opération Almahou entre le 27 mars et le 2 avril 2020.
La répression militaire a contraint de nombreuses personnes à fuir vers les zones urbaines pour s'y mettre en sécurité.
N.R.M