Pour répondre à cette interrogation, un manuel opérationnel de gestion de la politique d’élimination du paiement des frais directs liés aux services VIH au Cameroun a été adopté le 27 octobre 2021 au cours d’une séance de travail présidée par le ministre de la Santé Publique.
Harmoniser les pratiques au niveau opérationnel et faciliter le suivi de la mise en œuvre de la décision d’élimination de paiement de frais directs liés aux services VIH au Cameroun est l’objectif de la production des documents qui seront remis à tous les intervenants de la chaîne des User Fees.
Il s’agit d’un manuel opérationnel de gestion de la politique d’élimination du paiement de frais directs par les personnes vivant avec le VIH/Sida.
Il comporte 43 pages et présente le contexte ayant prévalu à l’adoption de l'approche actuellement mise en œuvre (coût du traitement très élevé pour les patients, retard dans l'atteinte des objectifs des trois 90), développe les aspects de suivi-évaluation, détermine les cibles au niveau central, régional en prenant en compte les différents prestataires.
Ce document dont l'élaboration a connu la participation effective des acteurs du Minsanté du niveau central, les Délégués régionaux de la santé, les coordonnateurs régionaux VIH/Sida, les formations sanitaires et les partenaires, est accompagné de trois Handbook : un Handbook destiné aux Fonds Régionaux pour la promotion de la santé, un autre pour les formations sanitaires et un dernier pour les laboratoires.
Ces supports permettent aux différents maillons de la chaîne de s’approprier le même langage, des pratiques uniformes et codifiées pour les mécanismes de gestion, de suivi, d’ajustement de fonds, de vérification-suivi et remboursement des factures.
En prononçant son discours, le Docteur Manaouda Malachie a entre autres affirmé que “ce manuel de procédures a le mérite de présenter les différents acteurs de la décision et leurs rôles…”;
Le patron de la Santé Publique a ajouté que : “l’intégration de la politique d’exemption des frais directs liés à la prise en charge du VIH aux autres stratégies de financement (Chèque Santé, PBF, etc.) constitue une opportunité de progression vers la Couverture Santé Universelle”.
Il a été précédé par le Dr. Léonard Bonomo - Secrétariat permanent du Comité national de lutte contre le Sida qui a présenté l’état des lieux de la maladie, en indiquant que “la prévalence a considérablement diminué, comparativement aux taux très élevés, surtout dans les régions du Sud et de l'Est, qui étaient respectivement à 5,8% et 5,6% avant la mise en œuvre de cette décision, avec près de 17 000 patients vivant avec le VIH/Sida”. A ce jour, soutient-il, “84% de personnes connaissent leur statut sérologique.
Mme Bouba Joëlle Nounouce - Sous-Directeur de la Lutte contre le VIH/Sida, “les Infections sexuellement transmissibles et la Tuberculose au Minsanté va quant à elle souligner qu”’en 2020, 46% des Fosa étaient déjà enrôlées dans ce mécanisme. En 2021, les actions ont été menées pour l’enrôlement de toutes les Fosa”.
Dans la feuille de route, il est désormais envisagé l'implication des Organisations à Base Communautaire (OBC) dans la mise en œuvre des User Fees”.
Pour Dr. Kok - Directeur Pays de l'ONU sida, “le Cameroun est déjà cité en exemple dans la sous-région pour les résultats encourageants enregistrés depuis la mise en œuvre de ce mécanisme”.
Les difficultés
Celles qui ont été présentées sont entre autres : Les retards dans les remboursements des factures - L'absence d’un système de surveillance au niveau des hôpitaux de District et d'une stratégie de communication efficace - La faible implication des Districts de santé dans la politique de mise en œuvre des User Fees dans toutes les régions...Ces manquements devraient être corrigés afin de garantir un accès équitable aux soins de santé pour les PvVIH.
Ce mécanisme pour lequel le manuel opérationnel de gestion présenté vient apporter un début de solution aux insuffisances de notre système de santé, à savoir sa faible couverture par un système de prépaiement et de mutualisation des fonds pour son financement.
Rappelons que le paquet d'offres de services arrêté permet de rembourser les frais relatifs aux consultations de routine, les CPN, les carnet et dossier médicaux, le dépistage du VIH, la charge virale entre autres.
N.R.M
C’est principalement sur cet aspect que se penche le Fonds Mondial dans son rapport publié ce 8 septembre; rapport dans lequel Peter Sands - Directeur exécutif de cet organisme s’est appesanti sur les impacts ressentis au niveau de la lutte contre le VIH, la tuberculose et le paludisme
A l’entame de son propos, il affirme que: “ En deux décennies, nous avons réalisé des progrès remarquables dans la lutte contre le VIH, la tuberculose et le paludisme. Notre 20ème anniversaire est malheureusement terni par un constat alarmant : la pandémie de COVID-19 nous a fait perdre du terrain durement gagné contre ces maladies…”.
Tuberculose
Le document renseigne entre autres sur le fait que: “ Seulement 38 % des personnes atteintes de tuberculose pharmacorésistante accèdent à des soins. Et parmi les personnes traitées, seulement 57 % se rétablissent. Les autres ne terminent pas leur traitement, ou meurent parce que le traitement ne fonctionne pas pour elles…
À l’échelle mondiale, la pandémie de Covid -19 a eu un effet dévastateur sur la lutte contre la tuberculose. Entre 2019 et 2020, le nombre de personnes traitées pour la tuberculose pharmacorésistante dans les pays où le Fonds mondial investit a chuté de 19 %, le nombre de personnes sous traitement pour la tuberculose ultrarésistante de 37 %, et le nombre de patients tuberculeux séropositifs sous antirétroviraux pendant le traitement de la tuberculose de 16 %. Globalement, on a traité pour la tuberculose environ un million de personnes de moins en 2020 qu’en 2019.
VIH Sida
En ce qui concerne le VIH, les impacts de la pandémie de Covid -19 sont également très lourds. Bien que le nombre de personnes séropositives sous traitement antirétroviral ait continué de s’accroître, avec une augmentation de 9 %, cette statistique encourageante doit être tempérée par la réduction alarmante des services de prévention et de dépistage.
Comparativement à 2019, les programmes et les services de prévention du VIH ont atteint 11 % moins de personnes, et 12 % moins de jeunes. La circoncision médicale pour la prévention du VIH a chuté de 27 %. On a effectué 22 % moins de tests de dépistage du VIH.
Les perturbations occasionnées par le COVID-19 ont entravé l’accès à des informations et à des outils dont les personnes les plus vulnérables auraient eu besoin pour se prémunir de l’infection. Après tant d’années de gains si durement acquis, il serait tragique d’assister à une recrudescence des infections au VIH.
Le Paludisme
Dans la lutte contre les trois maladies, ce sont les interventions visant le paludisme qui semblent avoir le moins souffert du COVID-19 jusqu’à présent. Il semble que l’adaptation rapide des services de lutte contre le paludisme ait limité les dégâts, avec une baisse de 4,3 % du dépistage des cas suspects de paludisme par rapport à 2019.
Toutefois, les progrès dans la lutte contre la maladie se sont arrêtés. Les services de lutte contre le paludisme n’ont pas affiché la croissance annuelle indispensable pour vaincre la maladie.
Dans son rapport, le directeur exécutif du Fonds Mondial ajoute que:
“Dans de nombreux pays, le COVID-19 a submergé les systèmes de santé, les confinements ont perturbé les services, et des ressources vitales de lutte contre le VIH, la tuberculose et le paludisme ont été réaffectées à la lutte contre la nouvelle pandémie.
Celle-ci a touché de manière disproportionnée les personnes déjà vulnérables aux épidémies existantes : les personnes vivant dans la pauvreté, les groupes marginalisés, les personnes sans accès aux soins de santé…”.
Les moyens mis à disposition pour venir à bout de c es maladies
En mars 2020, le Fonds mondial a immédiatement mis à disposition, au moyen d’assouplissements de ses subventions, quelque 500 millions de dollars US pour aider les pays à sauvegarder les acquis contre le VIH, la tuberculose et le paludisme, et appuyer leur réponse au Covid -19.
“Le 9 avril 2020, nous avons lancé le dispositif de riposte au Covid -19 (C19RM), destiné à aider les pays à combattre la pandémie, à atténuer ses impacts sur leurs programmes de lutte contre le VIH, la tuberculose et le paludisme et à renforcer d’urgence leurs systèmes de santé.
À la fin de 2020, les généreuses contributions de donateurs nous ont permis de décaisser 980 millions de dollars US pour 105 pays et 14 programmes multi pays par le biais de ces deux mécanismes de financement.
En date d’août 2021, nous avions augmenté ces mesures de soutien à 3,3 milliards de dollars US pour 107 pays et 16 programmes multi pays…”.
Au regard du lourd tribut payé par de nombreux pays depuis l'avènement du coronavirus, Peter Sands - Directeur exécutif a, à la fin de sa présentation, lancé cet appel:
“C’est en continuant d’innover et de collaborer – à l’échelle mondiale, nationale et locale – que nous mettrons fin au VIH, à la tuberculose et au paludisme, que nous vaincrons le COVID-19, et que nous renforcerons nos dispositifs de préparation et de riposte aux pandémies”.
Nicole Ricci Minyem