Dans le cadre de sa tribune hebdomadaire “honneur et fidélité” le chef de la division communication au ministère de la Défense croit savoir que “Seule notre volonté à tous de rester maîtres en nos terres est de nature à nous épargner les tourments de l’oppression…”
“ S’il est de nos jours, un mot qui puisse le mieux qualifier le contexte international que nous vivons, c’est bien le mot ambigüité. Nombre de certitudes parmi les plus affermies sont tant et si bien ébranlées, qu’il est aujourd’hui malaisé, sinon impossible de se faire une opinion ou de défendre une position, sans que l’une et l’autre ne soient submergées par un flot d’extrapolations plus inintelligibles, plus fantasques les unes que les autres.
La ductilité des interprétations est telle que même les repères que l’on pouvait jusqu’ici croire intangibles sont allègrement écartelés, édulcorés.
Les groupuscules terroristes peuvent ainsi se prendre pour des Etats, des Etats agir comme des groupes terroristes. Latitude est laissée aux sociétés militaires privées d’interférer dans les affaires internes d’autres Etats.
Devant le fait accompli, très souvent un casus belli, la loi et le droit ne font plus le poids. Pis encore, la variabilité numérique, géographique, idéologique et surtout économiquement orientée du vaisseau communauté internationale entretient ce clair - obscur de l’éthique et la morale internationales.
Ceux tirant un substantiel bénéfice de cette dilution consentie de la jurisprudence conventionnelle se targuent de faire de la realpolitik. Toutefois, il est permis de douter que ce point de vue permissif soit partagé par les nombreux peuples qui, à travers tous les continents, se débattent à la fois contre la résurgence de la loi du plus fort et la légitimation de l’hydre terroriste.
Du reste, la tentation est désormais grande au sein de l’extrémisme violent, d’user de tous les moyens disponibles pour contester la légitimité des Etats,dans le but de se substituer à ces derniers.
Il y aurait donc tout lieu de s’attendre à une recrudescence et un durcissement de l’action de l’action hostile. La récente reconfiguration de la carte des organisations terroristes, notamment dans le Sahel et le Bassin du Lac Tchad, la montée en gamme des matériels mis en œuvre par lesdites organisations, la sophistication sans cesse accrue de leurs méthodes de combat et la mutualisation de leurs moyens sont les signes avant - coureurs d’un probable et prochain regain d’offensive de leur part.
L’actuelle agitation notée dans les migrations internationales pourrait d’ailleurs leur bénéficier en termes de ressources humaines et de transfert de compétences.
Confrontés qu’ils sont d’une part, à la réalité du fléau terroriste, et d’autre part, à l’incertitude de l’aide extérieure, les Etats au contact de la calamité se doivent à leur tour, de consolider le front de lutte.
La permanence des échanges entre les responsables civils et militaires du niveau opérationnel à l’échelon politico - stratégique sera l’un des facteurs déterminants de la réussite commune contre la pandémie obscurantiste, l’autre facteur déterminant étant l’adhésion des populations.
Sans cette adhésion en effet, il serait de peu d’effet de détruire les places forces des terroristes, une tâche toujours recommencée qui finirait par entamer le potentiel capacitaire des Forces de maintien de l’ordre, sans parler des désastreuses répercussions sur ces mêmes populations dont les adeptes de la terreur font leur abri et leur principale cible aussi.
L’éventualité d’une intervention extérieure pour se défaire du carcan mortifère est par ailleurs à écarter, rien ne pouvant remplacer ni la légitimité par la nature d’appartenance aux territoires qui nous sont disputés, encore moins notre détermination d’en conserver l’entière possession.
En un mot, seule notre volonté à tous de rester maîtres en nos terres est de nature à nous épargner les tourments de l’oppression”.
N.R.M