Les jeunes mis en cause voulaient vendre ce squelette humain à 15 millions de FCFA.
C’est l’un des faits divers qui alimente les réseaux sociaux et les conversations dans la ville de Douala. Les jeunes Mempeme Youssouf (20 ans), Abdel Masho (20 ans), Abdou Fataou (20 ans) et Kouo Mouliom (22 ans) ont été arrêtés dans la capitale économique du Cameroun avec un squelette humain mis en vente pour une somme de 15 millions de FCFA.
«Nous avons été mis au courant de ce trafic via Facebook, réseau social par lequel les trafiquants ont communiqué sur leurs activités. Pour l’écoulement des ossements à Douala, ils avaient déjà trouvé un preneur. Ils ont été appréhendés alors qu’ils voulaient vendre le squelette à 15 millions de FCFA», raconte une source à la gendarmerie.
Selon les explications du chef de la Brigade de lutte contre le grand banditisme, la dépouille dont le squelette était mis en vente a été déterrée. Et elle est celle d’un nommé Mezap, décédé il y a trois ans. Le Lieutenant Djiku informe que ces jeunes trafiquants présumés étaient encore à la recherche des preneurs. Ils vendaient le squelette en question à 15 millions de Francs CFA.
Les quatre jeunes ont été présentés à la presse le mercredi 7 octobre 2020, à la légion de gendarmerie du Littoral à Douala. Les gendarmes font savoir qu’ils faisaient partie d’un groupe de sept personnes spécialisées dans le trafic d’ossements humains à Kouoptamo, situé dans le département du Noun, région de l’Ouest Cameroun. Ils sont même accusés d’avoir exhumé un squelette complet à Kouoptamo.
Liliane N.
Dans sa colère, Yves Bertrand Awounfac Alienou préfet du département du Lom et Djerem a pris des résolutions de traquer tout trafiquants d'ossements humains et autres profanateurs.
La profanation des tombes et le trafic d'ossements humains ont fait leur lit ces derniers temps dans l'ensemble de la région de l'Est du Cameroun. Une situation qui vient remettre au goût du jour le traitement irrévérencieux du sacré dans la région des pierres et essences précieuses.
Le département du Lom et Djerem s'en tire avec la part belle d'un phénomène qui prend de plus en plus de l'ampleur, d'où la colère du préfet Yves Bertrand Awounfac Alienou. Il l'a fait savoir devant les autorités administratives et traditionnelles et politiques au-cours des travaux de réunion de coordination administrative et le comité de coordination des opérations de maintien de l'ordre tenue récemment pendant deux jours à Bertoua chef-lieu de la région de l'Est. À cette occasion, le préfet, d'un ton rassurant, a précisé que la profanation des tombeaux et le trafic d'ossements humains ira crescendo dans son unité administrative de commandement, étant donné que les villes de Garoua-Boulaï, Mandjou et Bertoua sont de plus en plus montrées doigt.
Ces villes sont au cœur de ce phénomène du fait de leur position géographique stratégique, et plus grave, une bonne franche de la population enterre les dépouilles à des profondeurs non-réglementaires, facilitant dès lors la profanation des corps et le trafic d'ossements humains.
De mémoire, certains trafiquants d'ossements humains ont été interpellés avec d'énormes cargaisons dans plusieurs villes parmi lesquelles Foumban, Douala, Bertoua, etc. Ces hors la loi, pour la plupart, provenaient du département du Lom et Djerem. Pour pallier à ce problème, Yves Bertrand Awounfac Alienou et son état major ont pris une résolution ferme, celle de sensibiliser les chefs traditionnels et l'ensemble des populations pour plus de vigilance et dénonciation afin de traquer tout trafiquant des ossements humains et autres profanateurs.
Approche interprétative des populations
La profanation des tombeaux et le trafic d'ossements humains n'indignent pas seulement les autorités administratives, mais aussi les populations. « Ce phénomène est légion dans notre quartier. Régulièrement, nous voyons des personnes étranges circuler ici aux heures tardives sans savoir ce qu'elles viennent chercher et la plupart, dans leurs grosses voitures, se dirigeants vers le cimetière du quartier », dénonce Ibrahim Hassan habitant le quartier Monou 2 à Bertoua, dans le second arrondissement du chef-lieu de la région du Soleil Levant. Tout comme lui, Souleymane Djouba de l'arrondissement de Mandjou, « La peur nous habite depuis qu'on entend parler de cette histoire ici chez-nous. On est inquiet à certaines heures tardives soit de sortir nous-mêmes ou de faire sortir nos enfants et proches à des heures tardives ».
La psychose qui sévit dans les villes de Bertoua, Mandjou et Garoua-Boulaï dans le département du Lom et Djerem à L'Est trouve ses fondements les kidnappings, enlèvements et disparitions de plusieurs personnes dans ces localités.
Une insécurité qui interpelle les autorités administratives et les forces de maintien de l'ordre, « Nous voulons aussi attirer l'attention des autorités administratives pour qu'elles multiplient d'ardeur dans leur travail en déployant d'avantage les forces de maintien de l'ordre et l'armée sur le terrain », souhaite Some Enrique Emmanuel à Garoua-Boulaï. Les mesures sécuritaires dont la grande partie est déjà prise permettront de réduire l'incivisme, les agressions enregistrées dans l'ensemble du département du Lom et Djerem à l'Est.