06 Avril 1984, premier et dernier jour où le Cameroun a vécu un coup d’Etat orchestré par des forces armées. La démonstration de force de l’armée régulière et fidèle aux institutions a mis très rapidement fin aux velléités de ces rebelles cachés dans ses rangs. Depuis lors, l’armée du Cameroun est un modèle de discipline et un encrage de la loyauté aux institutions de la République.
Ce matin du vendredi 06 Avril 1984, ils sont nombreux qui s’en souviennent encore, le Cameroun a failli basculer dans l’anarchie, sinon dans un totalitarisme militaire. D’après l’histoire, c’est une frange de l’armée, notamment ceux qui constituaient la Garde Présidentielle de l’époque qui avaient instigué une mutinerie. Rassemblés au sein du mouvement « J’OSE » cette mauvaise graine militaire a voulu faire pourrir toute la plantation Cameroun. En moins de 24 heures, il s’est engagé une lutte entre les deux faces de la même pièce : la mauvaise armée et la bonne, la Républicaine. Les deux figures de Janus devaient irrémédiablement s’affronter tellement les tensions se faisaient vive depuis l’accession à la magistrature suprême du nouveau Chef de l’Etat. Comme dans une guerre entre le Bien et le Mal, la lutte avait déjà en son sein les préfigurations de son dessein.
L’armée du Bien, la républicaine, portée par des hommes de rang et un commandement dont l’engagement pour le drapeau et la patrie ont été pour la circonstance hautement manifestés. Durant toute la fameuse journée, ils ont tenu bon. Tout s’est très vite passé. Un message diffusé à la radio nationale le matin du jour en question, précédé et conclu par une musique de l'hymne national du Cameroun. Une mutinerie d'une fraction de la garde républicaine serait à l'origine des affrontements. Mais même déjà au niveau de ce corps, il y a eu césure. Le bon grain s’est séparé de l’ivraie. L'autre partie de la garde républicaine va rester fidèle à Paul Biya. Les troupes mutinées attaquent la villa présidentielle et le camp Yeyap, siège de l'état-major.
C’est alors que les étalons de la liberté sont entrés en force dans le cafouillage pour mettre de l’ordre. La résistance, organisée par un colonel de gendarmerie et un colonel de l'armée de terre demandent des renforts et parachutistes pour mater la rébellion. Paul Biya, en fin de tournée dans l'Ouest du pays, se trouvait à Kribi. Huit mille hommes de l'armée loyale ont sauvé le régime. Et jusqu’à ce jour encore, cette bonne fraction de l’armée est aux manettes. Plus jamais on a entendu parler d’indiscipline caractérisé au sein de nos armées. Plus jamais de mutinerie. D’ailleurs cette armée est aujourd’hui plus que jamais, uni pour protéger les frontières et l’intégrité territoriale du Cameroun. Une armée solide et solidaire. 37 ans plus tard, il y a de multiples raisons de se satisfaire des performances de notre armée.
Stéphane NZESSEU