Une affirmation faite par Clotaire Ngue – militant du Parti Camerounais pour la Réconciliation Nationale qui, dans une tribune publiée il y’a quelques heures, invite les Camerounais à « Réclamer l’électricité au Gouvernement du Cameroun, l’unique responsable du secteur énergétique…
« Depuis des décennies, nous vivons des délestages au Cameroun et certains citoyens réclament l'électricité dans leurs ménages en indexant Eneo d'être à l'origine de ce désagrément.
Chers citoyens, votre plainte est légitime mais vous vous trompez de cible, réclamez l'électricité dans vos ménages au Gouvernement du Cameroun c'est lui le responsable du secteur énergétique camerounais à plus de 81% et ENEO seulement à 19%. Je m'explique le secteur énergétique est composé de trois parties :
La Production
Qui consiste à construire les centrales hydroélectriques, thermiques et les barrages hydroélectriques, cette tâche est une exclusivité du gouvernement. Parlant de ce maillon du secteur, il faut savoir que les centrales hydroélectriques et thermiques du Cameroun totalisent une puissance de 1442MW (74% venant des centrales hydroélectriques et 26% des centrales thermiques), soit 54 % de la capacité de production du pays.
Le potentiel hydroélectrique du Cameroun est estimé à 23 000 MW, le 3e potentiel énergétique en Afrique au Sud du Sahara après la République démocratique du Congo et l’Éthiopie.
Le Président Ahidjo l'avait compris, c'est pour cette raison qu'il a construit les trois centrales hydroélectriques que compte notre pays à savoir Édéa, Song Loulou et Lagdo c'est ses trois centrales qui nous alimentent jusqu'au aujourd'hui malgré leur vieillerie.
Je vous rappelle que le régime de Mr BIYA n'a construit aucune centrale hydroélectrique connecté sur le réseau interconnecté Sud, ils ont plutôt lancé à grande pompe la construction des barrages hydroélectriques de Lom Pangar, Memve’Ele, Mekin et Nacthigal qui jusqu'ici ne nous servent à rien car ils sont inachevés depuis 10 années qu'ils sont en construction pour certains.
Il y'a eu un plan de développement du secteur énergétique qui prévoyait en 2010 des projets de production et de construction de réseaux qui devraient porter la production à 3.000 MW en 2020. Pour parer au plus pressé comme d'habitude Ils ont plutôt opté pour la solution à court terme en construisant des centrales thermiques (Kribi, Yassa, Bamenda, Ahala...) qui coûtent chers en combustibles et très souvent abandonnées pour manque de combustibles d'où l'origine des délestages.
Le Transport
La partie du transport est un maillon très important et même très stratégique dans le secteur énergétique. La gestion du transport qui consiste à acheminer de l'électricité via les lignes à haute tension vers les postes de distribution.
Comme la production, ce maillon est géré depuis 2018 par l'État du Cameroun à travers la Sonatrel, elle a pour mission de moderniser et compléter le réseau et améliorer son efficacité, alors que les pertes de transport sont estimées à 40% de l'énergie électrique produite dans les différentes centrales.
La Distribution
La distribution consiste à distribuer l'énergie électrique dans les ménages, c'est le maillon le plus faible du secteur énergétique, car on ne peut distribuer que ce qu'on possède, si la production est insuffisante et le peu qu'on produit connaît des pertes durant le transport à cause des pylônes qui sont renversés ou un arbre qui crée un court circuit sur une ligne HT.
C'est à partir de ce niveau que Eneo entre en jeu dans le secteur énergétique Camerounais, et même là il partage cette responsabilité avec l'État du Cameroun car l'État du Cameroun est actionnaire à hauteur de 44% du chiffre d'affaire d'Eneo.
Il est bien de rappeler qu'avant l'arrivée d'Eneo en 2014, l'Etat du Cameroun avait déjà privatisé ce maillon au groupe Américain AES c'était en 2011, le groupe AES a géré ce maillon du secteur énergétique Camerounais pendant trois années et a constaté que l'État ne respectait pas les clauses du contrat et c'est ainsi qu'il décide de claquer la porte du Cameroun.
Eneo compte de nos jours environ 3.5 million d'abonnés sur son réseau de distribution, le Cameroun, c'est moins de 14% de ménages ruraux et 57% en zone urbaine qui sont connectés à l'électricité et seulement 20% de la population aurait en réalité accès à l'électricité de façon continue selon une étude de la banque mondiale.
Les raisons de ces délestages sont multiples : inadéquation globale entre l'offre et la demande, irrégularité des approvisionnements dus à la période d’étiage, manque de combustibles pour les centrales thermiques, infrastructures de production et de distribution vieillissantes, manque d'investissement en raison de réticences du secteur financier...
Il faut aussi savoir que ENEO réclame 180 milliards de FCFA à ses clients et 63 milliards de FCFA aux entreprises publiques ce qui handicap très sérieusement ses opérations et ses capacités de développement surtout que Eneo est endetté de 155 milliards de FCFA auprès de ses fournisseurs d'énergie et carburant à l'instar de tradex, Bocom...
L'une des causes des délestages dans nos villes est aussi le vol d’électricité qui représente jusqu’à 48 % des raccordements dans certains quartiers de nos villes.
Pour finir, Eneo peut être responsable de l'absence d'électricité dans un quartier si un transformateur est en panne, un poteau s'est renversé et que Eneo ne rétablisse pas rapidement cette situation, c'est uniquement pour ces cas d'espèce que Eneo est responsable , mais techniquement on n'appelle pas cette coupure dû à ces pannes délestage, ce sont des situations qu'on vit même en Europe ».
N.R.M