Présent dans cette Région le Week end dernier, Samuel Billong a su utiliser les mots qui touchent les cœurs de certains ressortissants de cette partie du Cameroun car ils aiment qu’on les considère comme des éternelles victimes d’un Etat qui les exclut.
Le président du Mouvement Réformateur en a usé à volonté, alors qu’il procédait à l’installation des Comités départementaux de la Région de l’Ouest au cours d’une cérémonie à laquelle ont pris part des délégations venues de huit circonscriptions administratives :
« Certes notre projet réformateur se fera avec toutes les régions de notre pays et c’est en cela que nous parcourons les villages et les villes partout dans le pays mais, la région de l’Ouest est sans conteste, du fait de la stigmatisation dont elle a été victime de la part du colon et de ceux encore en responsabilité, celle par laquelle les réformateurs devront apporter la preuve de leur volonté d’intégration nationale au-delà des clivages souvent artificiels…
L’unité, la liberté et la modernité du pays se feront forcement avec l’Ouest…
C’est donc par amour, d’un amour qui nous met au-dessus des clivages fabriqués de toutes pièces, pour cette région et les populations de cette région que nous avons multiplié les tournées à l’Ouest depuis la reprise des activités publiques du Mouvement Réformateur ».
« Le pouvoir en place a abandonné le projet d’intégration nationale »
Une autre affirmation faite par le président du Mouvement Réformateur, devant ses militants et sympathisants. Allant plus loin, il laisse entendre que cette attitude permet aux dirigeants de :
« Faire la promotion de la stigmatisation et de la division des camerounais jusqu’au niveau constitutionnel avec la classification des camerounais en allogènes et autochtones…
Ceux qui sont encore en responsabilité, parce qu’ils se sont avérés incapables de développer le pays, de créer la richesse et de la distribuer équitablement aux populations, dans leur volonté de durer le plus longtemps possible au pourvoir n’ont trouvé mieux que de stigmatiser et de diviser les camerounais, de monter les camerounais les uns contre les autres » ;
Plus encore, « La loi portant code général des collectivités territoriales, s’appuyant sur cette disposition inique de notre constitution interdit aux camerounais de postuler à la Mairie d’une ville au motif qu’ils ne sont pas autochtones de la région correspondante…
Cette batterie législative de mauvais goût est la preuve que le pouvoir en place s’oppose à la démocratie et à l’unité des camerounais ».
Dans son ambition de convaincre les Populations de la Région de l’Ouest que le Mouvement Réformateur est le meilleur risque pour elles, Samuel Billong a pris de nombreux autres exemples visant à démontrer que le Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais, au-delà de la « stigmatisation communautariste ou encore de la violation des droits fondamentaux des citoyens camerounais », a démontré son incapacité à garantir l’intégration harmonieuse de tous.
Un tel discours est-il opportun ?
Des propos comme ceux là doivent –ils être utilisés par un leader politique qui réclame une position de « Réformateur », lorsqu’on sait que toutes les Régions du Cameroun ont eu, à un moment ou à un autre, leurs fils et leurs filles à de très hautes fonctions de l’Etat ?
Vu sous ce prisme, peut-on véritablement présenté la Région de l’Ouest comme « l’enfant mal aimé du Cameroun » ? Ceux qui occupent des postes de Sénateurs, Députés, Maires, Ministres, Directeurs Généraux et autres ne sont –ils pas les enfants de ce terroir ? Qu’est ce qui les empêche de faire de cette Région, l’une de celle qui pourrait être le miroir de l’Afrique en miniature ?
La problématique posée par le dossier Neo Industry peut-elle à elle seule illustrer les tares de cette élite gloutonne, avide, insatiable qui est malheureusement disséminée à travers le triangle national ?
Une « élite » qui n’a pas toujours grand-chose à voir avec une quelconque dénomination politique, une localité, une région ou une ethnie, mais qui est plutôt la représentativité du comportement humain ?
Par ailleurs, au-delà des discours de dénonciation, le temps n’est –il pas à l’action ? Ne serait ce pas la meilleure preuve de l’amour qu’on dit porter à ses compatriotes qui, il faut le relever en ont assez bavé des discours.
Nicole Ricci Minyem