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Quand les services de l’hôpital Gynéco-Obstétrique de Yassa dans la ville de Douala laissent un enfant mourir dans le ventre de sa mère...

 

Ce récit va vous glacer le sang... 

Nous sommes le samedi 21 septembre il est presque 4 heures du matin. Carole, enceinte de huit mois, au quasi terme de sa grossesse,  est dans l’ambulance de l’hôpital – soit disant de référence – de la Clinique de Yassa. Avec elle le Dr Ngalame, un Gynécologue dudit hôpital qui vient de la prendre en charge. Il a avec lui une note qui lui a été remise par son Gynécologue, le Dr NGwet Bell qui lui a aussi fait un briefing sur l’état de la patiente. La tension n’est pas inquiétante mais quelques gouttes de sang postulent d’un début de décollement du placenta. Mais « la situation est sous contrôle » rassure le Dr Gwet Bell qui passe le témoin à son collègue.

Le mari de Carole, Alex a du mal à suivre l’ambulance qui fend la nuit, dans sa propre voiture mais ce sens de diligence des services de l’hôpital de référence Gynéco-obstétrique est plutôt bon signe. 

A priori, les choses sont simples : Carole enceinte de huit mois, suite à une FIV, a été prise de douleurs et de contractions vers 23 heures et a commencé à perdre les eaux vers 2 heures du matin. Sa tension est en légère élévation et le placenta semble décollé; on soupçonne un pic de tension et le risque d’éclampsie n’est jamais loin. D’où l’appel en urgence de la gynécologue de Carole à l’hôpital Gynéco-obstétrique de Yassa dont le plateau technique est réputé plus complet. Un gynécologue et une ambulance arrivent, sirène hurlante, rien de plus rassurant.

 

C’est à l’arrivée à l’hôpital de Yassa que le calvaire de Carole et d’Alex commence :

- Carole est abandonnée seule sur un brancard dans une salle de l'hôpital toute seule sans suivi particulier. Même la perfusion placée à la Clinique de l’Odyssée n’est pas réactivée. Tout au plus une prise de sang, une nouvelle écho  et un touché. Les seules questions qui lui sont posées sont alors « a-t-elle de l’argent ? » « Avez-vous une assurance » ? Le temps passe. Le mari s’inquiète car la poche a cédé à 2h du matin. Elle va attendre ainsi plus de deux heures dans l’angoisse –seule – car son mari et sa mère doivent attendre dans une autre salle. Pour quel motif attend t-on ? Pourquoi l’opération n’a pas été immédiate ? Mystère ?

- Alex reverra le médecin vers 5 h 30 pour apprendre qu’une opération est nécessaire mais qu’il faut attendre qu’un pédiatre arrive pour procéder à ladite opération. La dite pédiatre arrivant enfin indique qu’il n’y a pas de « place » pour le bébé. Elle doit en trouver une quitte à « débrancher un enfant qui est là depuis... ». Le mari sort du bureau du médecin, le moral au talon car il n’y a aucun signe d’une mobilisation d’urgence. Les médecins ont le temps de se faire des blagues et lui l’angoisse l’étreint mais il a Confiance.

- 6h 45 : nouveau rebondissement : on tend un papier à Alex : il doit payer 200 000 F de caution pour l’opération tout de suite. Il doit donc quitter l’hôpital pour trouver un distributeur de billets qui fonctionne. Il devra aller jusqu’à Bonanjo.

- Vers 7 heures du matin – enfin – Carole est transférée au bloc. Elle est sereine car « je sens encore mon bébé bouger ». Alex n’a pas pu la voir pour la rassurer ou lui glisser un petit mot d’amour ou d’encouragement : il devait absolument payer d’abord. Ce qu’il fera vers 7 h 20.

- A 8h 10  Alex est appelé par Une infirmière : l’accouchement ne s’est pas bien passé. L’enfant était mort quand on a ouvert. Sur ce, le personnel de l’hôpital rentre chez lui  et laisse Alex seul. On lui avait pourtant dit que Carole la –presque- mère était au courant. Mais il découvre en allant la voir qu’elle ne sait rien : « Chéri, comment va le bébé demande-t-elle ? »

- C’est vers 16 heures ce samedi que le Dr Ngwet Bell et Alex seront obligés de lui dire la vérité.

- Entre temps, Alex sera seul désemparé ne sachant pas comment annoncer la nouvelle à son épouse. Détail sordide : comme rien n’a été prévu pour l’enfant mort-né il errera, désemparé, le petit corps de son enfant dans les bras car personne n’est là pour l’assister et lui dire quoi faire de la maman. 

En désespoir de cause, il sera obligé d’appeler le Dr Gwet et de prendre une chambre climatisée – à ses frais bien sur – pour conserver pendant quelques heures dans la dignité le corps de ce petit être qui n’aura pas eu la chance de voir la lumière du jour… ».

 

Une histoire qui vient une fois encore jeter l’opprobre sur les médecins camerounais

« Cette histoire me révulse car personnellement, elle résume tous les maux que les camerounais dénoncent depuis tant d’années des services hospitaliers camerounais : Laxisme, lenteur, bureaucratie et appât du gain (malgré les instructions fermes du nouveau Ministre de la Santé) et surtout l’indifférence et l’inhumanité. Nos hôpitaux sont plus que jamais des mouroirs.

Tout ceci me révolte car ces irresponsables laissent des enfants mourir dans le ventre de leur mère. Je ferai tout pour que Carole et Alex obtiennent justice. Et vous ? Que ferez – vous ?

Ils s’appellent Alexandre Siewe et Carole Noumedem et ils approuvent ce message car ils ont trop mal et souffrent trop pour se révolter eux-mêmes contre cette….Monstruosité.

 

Combien d’instructions ministérielles faudra-t-il ?

Combien de femmes devront s’ouvrir le ventre devant nos hôpitaux ?

Combien d’enfants innocents devront-ils mourir avant que les personnels hospitaliers de ce pays se décident à faire leur travail avec professionnalisme et humanité » ? 

 

N.R.M

 

Published in Faits divers






Sunday, 05 June 2022 11:01