Les populations du septentrion renouent une fois de plus avec les méthodes traditionnelles telles que la lampe tempête ou la bougie.
La mise en garde du gouverneur de l’Extrême-Nord Midiyawa Bakary il y a deux ans, a visiblement laissé les responsables de la société Eneo Cameroun indifférents puisque plusieurs localités du septentrion restent plongées dans le noir depuis plusieurs mois. « Kolofata et Amchidé ont déjà amorcé le quatrième mois sous les coupures d’électricité. L’économie au niveau de la région de l’Extrême-Nord du pays est paralysée. Nous vivons un peu cette situation d’insécurité et la situation est aggravée par ce sevrage en énergie électrique », rapporte Hamadou Garba.
Les coupures n’épargnent pas certaines régions du septentrion du pays. Ce phénomène, qui était devenu résiduel depuis une année, réduit fortement les activités commerciales, économiques et sociales dans le Grand Nord particulièrement plongée dans le noir dans la journée et la nuit. Selon les responsables en charge de l’électricité au Cameroun, le barrage hydroélectrique de Lagdo enregistre un stock de retenue d’eau de 2828 millions de mètres cubes, contre 3210,79 millions de mètres cubes à la même date en 2017. Ce qui fait observer un déficit de 382,79 millions de mètres cube.
Cette quantité d'eau disponible en décembre 2018 était déjà jugée insuffisante pour l’alimentation de la région en énergie électrique. La puissance du barrage hydroélectrique de Lagdo est d’environ 72 mégawatts, mais il ne produit actuellement que de 30 mégawatts. Au mois de décembre 2018, la demande en énergie électrique dans le réseau interconnecté Nord, qui regroupe les trois régions septentrionales des servies par le barrage de Lagdo, était de 50 mégawatts.
En plus de 30 mégawatts produits par le barrage de Lagdo, Eneo-Cameroon a eu recours à la centrale thermique de Djamboutou qui a une puissance de 20 mégawatts. Mais pour le mois de janvier 2017, les prévisions sont de 65 mégawatts ; une demande que les responsables de l’entreprise disent ne pas pouvoir satisfaire. Malgré la dotation d’un nouveau transformateur de 60 MVA et l’installation par les responsables Eneo à Garoua. Les responsables d’Eneo Cameroun avaient annoncés, en 2018 que les populations des régions du Nord et de l’Extrême-Nord ne connaîtront plus des délestages en 2019.
Eneo avait atterrir un gros transformateur d’une puissance de 60 MVA au poste de transport de l’énergie à Djamboutou. Le raccordement de ce nouveau transformateur devrait apporter une augmentation de 32 MW sur l’existant, une puissance transférable devant permettre de desservir plus facilement que par le passé les régions du Nord et de l’Extrême-Nord. Les 32 MW transférables se repartissent comme suit : 16 MW sur le transformateur desservent d’une part le Mayo Louti et l’Extrême-Nord et 16 MW vont alimenter Garoua et ses environs.
Le nouveau transformateur devrait apporter la solution à la saturation à laquelle faisait face le poste de Djamboutou confronté à la forte croissance de la demande dans les deux régions surtout avec l’installation de l’université de Maroua. Depuis mars 2019, les régions septentrionales du Cameroun fonctionnent désormais en mode délestage.
Félix Swaboka