Selon l'armée, l'attaque de ce dimanche a été menée par des groupes terroristes sous le commandement de Ba Ag Moussa, dit Bamoussa, un ex-colonel ayant rejoint les rangs jihadistes en 2012 et considéré comme un proche du Touareg malien Iyad Ag Ghaly, qui dirige la principale alliance jihadiste du Sahel.
Situé dans une zone très difficile d’accès où est active depuis plusieurs années la katiba (cellule combattante) Macina, liée à Al-Qaïda au Maghreb islamique entre la capitale régionale, Mopti, et la frontière mauritanienne, le camp de Dioura a été attaqué aux environs de 06H00 par des terroristes, selon l'armée malienne.
« Les Forces armées maliennes enregistrent des dégâts matériels et des pertes en vies humaines », indique l'armée, qui assure avoir repris le contrôle du poste militaire à 16H00 mais ne donne pas de bilan.
Le chef de la mission de l'ONU au Mali, Mahammad Saleh Annadif, a condamné une attaque ayant engendré de lourdes pertes. La Minusma a organisé dans la journée l'évacuation médicale de plusieurs blessés, selon un communiqué.
L'opposition malienne, réunie au sein du Front pour la Sauvegarde de la Démocratie, a évoqué un bilan de plus de 20 hommes tués dans les rangs des Forces armées maliennes, une vingtaine de disparus, un nombre indéterminé de blessés, huit véhicules brûlés, dont des camions citernes et huit véhicules équipés d'armes de guerre emportés par les assaillants.
« Le commandant de compagnie, le capitaine Mohamed Sidati Ould Cheikh est parmi les militaires tombés sous les feux des terroristes », ajoute l'opposition, évoquant le plus lourd bilan depuis la cuisante défaite de l'armée malienne face à des groupes rebelles touareg et arabes à Kidal (nord) en mai 2014.
Le Chef de l’Etat Ibrahim Boubacar Keïta n’est pas resté indifférent à ce drame et, il a adressé un message de condoléances alors que les acteurs de l’opposition l’invitent à prendre les mesures d'urgence qui s'imposent : « Toutes nos pensées pour les fiers soldats de l'Armée malienne tombés à Dioura ».
Opérations Barkhane et Minusma
En avril 2018, 14 suspects terroristes arrêtés à Dioura et remis à des militaires maliens avaient été tués suite à une présumée tentative d'évasion, selon l'armée. Une association peule et des proches avaient dénoncé des "exécutions sommaires. Malgré la Minusma, une forte présence militaire française et la création de la force militaire régionale G5-Sahel, les violences jihadistes persistent dans le pays, avec 237 attaques recensées en 2018, selon l'ONU.
Les autorités maliennes et les forces internationales espéraient une baisse des violences dans le centre après avoir donné pour mort, en fin novembre 2018, le chef de la katiba Macina, le prédicateur radical peul Amadou Koufa, lui aussi membre de l'alliance d'Iyad Ag Ghaly. Mais l'homme est réapparu récemment sur une vidéo jugée crédible par l'état-major français, et les violences se sont poursuivies dans la région.