Louis-Paul Motaze regrette l’usage que certains de ses collaborateurs font de la plateforme e-bulletin, qui a permis de dématérialiser le bulletin de solde des agents de l’État. Le Ministre camerounais des Finances (L'info) qui condamne les pratiques malsaines autour de cet important document invite les uns et les autres à plus de vigilance.
Dans un communiqué rendu public le 02 septembre dernier, le Ministre des Finances s'indigne de constater que, « Des personnes sans foi ni loi se servent de la plateforme du bulletin de solde en ligne (e-bulletin) pour commettre des actes de corruption et d’arnaque auprès des usagers ». Selon Louis-Paul Motaze, ces comportements contribuent à « plomber les réformes engagées pour faciliter le travail des usagers ».
Le patron des Finances relève ainsi plusieurs manquements de la part de certains de ses collaborateurs. « Plusieurs administrateurs désignés pour assister les utilisateurs de cette plateforme, mais qui s’en servent comme des guichets de commerce », déplore le Ministre. Face à cette situation, Louis-Paul Motaze souligne, « En invitant les uns et les autres à plus de vigilance, le ministre des Finances se réserve le droit d’appliquer les sanctions qui s’imposent à l’encontre des personnes qui se livrent à de telles pratiques, au mépris de la réglementation et des instructions subséquentes ».
A titre de rappel, la plateforme e-bulletin a été lancée en 2019 pour permettre aux agents de l’État d’obtenir leurs bulletins de solde en ligne, à partir d’un smartphone ou de tout autre terminal connecté à l’internet. Cette innovation qui participe de la dématérialisation des procédures administratives a permis de mettre un terme aux longues files d’attente des usagers désirant imprimer leurs bulletins de solde dans certains services du ministère des Finances, activité qui a jadis favorisé la création des réseaux de rançonnement des usagers.
Le monnayage des services autour de la plateforme, que dénonce le ministre des Finances dans son communiqué du 2 septembre 2021, réduit à néant les efforts déployés par cette administration, en vue de la mise en place de cet outil, notent des observateurs avertis.
Innocent D H
Etat des lieux
Ils sont très peu nombreux les utilisateurs des réseaux sociaux, qui peuvent affirmer qu’ils n’ont pas été, au moins une fois, victimes d’une tentative d’arnaque. Qui n’a jamais reçu des messages venant d’une connaissance, qui sollicite une aide financière sous des prétextes les plus fallacieux, les uns des autres ? Jusqu’à ce qu’on se rende compte qu’il ne s’agit en fait que d’une arnaque. Dans les médias, qui n’a jamais vu un reportage parlant d’une femme, tout âge confondu, qui a mis fin à sa vie, parce que sa nudité a été dévoilée sur la toile, par des individus sans foi ni loi, à cause des maitres chanteurs ? L’on se souvient de ces européens qui sont venus au Cameroun, il y’a trois ans, parce qu’ils avaient envoyé de l’argent à des prétendus vendeurs d’œuvres d’arts. Les enquêtes avaient conduit à la découverte d’un réseau, dans le chef lieu de la région du Sud Ouest…Des exemples et bien d’autres qui font comprendre que le mal est profond.
Et, qui a interpellé les responsables de l’Agence Nationale des Technologies de l’Information et de la Communication : « Il y a des individus tapis dans l’ombre, qui utilisent ces technologies pour perpétrer des actes malveillants qui sont dommageables pour notre économie. L’Antic a donc pris à bras-le-corps ce problème, à travers des structures telles que le Centre d’alerte et de réponse de sécurité informatique ».
Le bien fondé de la mise en place de ces numéros verts
Le Cameroun a injecté 14 milliards de francs CFA, pour sécuriser son cyberespace entre 2013-2017. Selon l’Antic, près de 12 000 plaintes ont été enregistrées ces cinq dernières années. Les cas les plus récurrents sont les arnaques au « mobile money », le « phishing », une technique dont le but est d’obtenir des données sensibles par l’envoi d’un mail, l’usurpation d’identité des hautes personnalités et les fake news. Pour traquer les délinquants présents sur internet, les usagers peuvent désormais composer le 8202 ou le 8206. Des numéros disponibles de 7h30 à 15h30, du lundi au vendredi.
Lorsqu'un internaute compose le numéro vert, il a au bout du fil un des enquêteurs qui enregistrent les plaintes. Des procédures pour traquer le ou les cybercriminel (s) sont ensuite déclenchées. Les personnes inculpées risquent jusqu'à deux ans de prison et 10 millions de FCFA d’amende, selon la loi du 21 décembre 2010 relative à la cyber-sécurité et à la cybercriminalité.
Nicole Ricci Minyem