Remplacée ce 8 Décembre par Olaf Scholz, elle aura été l’une des femmes les plus influentes du monde en ce début de XXIe siècle après 16 années à la tête de la première puissance économique du continent.
Sa vision de l’Europe
Au pouvoir en 2005, la chancelière allemande montre sa volonté d’entretenir la dynamique du couple-franco-allemand. Dès le lendemain de son investiture, elle se rend à Paris pour rencontrer Jacques Chirac et le Premier ministre Dominique de Villepin.
Une visite qui, selon les mots d’Angela Merkel, “n’a rien d’un rite, mais exprime la conviction profonde qu’une bonne relation franco-allemande, approfondie, amicale, est non seulement importante pour nos deux pays, mais aussi nécessaire et utile à l’Europe”.
Néanmoins, la chancelière remet en cause la relation “classique” voire “mécanique” existante entre la France et l’Allemagne. L’axe franco - allemand ne doit pas, à ses yeux, être “exclusif” ou “dirigé contre les autres”.
Elle veut voir naître des relations plus étroites avec la Grande-Bretagne et désire également œuvrer pour le rapprochement de son pays avec l’Europe centrale et orientale.
Affectueusement surnommée “Mutti” (Maman) en raison de son côté apaisant, parfois qualifiée par ses détracteurs de “Dame de fer” allemande (en référence à la Britannique Margaret Thatcher) voire de “Reine de l’Europe”, Angela Merkel est réputée pour sa discrétion, son pragmatisme et son approche pas à pas. Tant en politique intérieure que dans sa gestion des crises européennes.
Lors de la crise économique et financière européenne de 2008, elle occupe ainsi un poids primordial, du fait notamment de la bonne santé économique de son pays. Elle montre sa détermination à impulser des “des réformes structurelles”, à l’inverse d'une croissance par les déficits”.
Et à obtenir d’importantes garanties économiques et budgétaires de la part de ses partenaires européens, notamment la Grèce, en échange de mesures communes pour lutter contre les risques d’effondrement de l’euro.
En matière de relations extérieures de l’UE, la chancelière s’est notamment positionnée dès 2006 en faveur d’un “primat” de l’Otan. Une vision très différente de celle poussée par la France, qui souhaite un renforcement de la politique européenne de défense.
Sa gestion de la crise du Covid - 19
L’arrivée de la pandémie de Covid - 19 en Europe et dans le monde au début de l’année 2020 conduit à de nombreux bouleversements dans la doctrine allemande.
Pour répondre à la crise économique dans son pays, la chancelière brise d’abord un tabou national en suspendant les règles de discipline budgétaire (plafonds de déficit et de dette) dans le cadre de son plan de relance économique.
Au niveau européen, la crise sanitaire et économique conduit au rapprochement franco-allemand. Le 18 mai 2020, la chancelière présente avec son homologue français une initiative commune pour la relance économique de l’Union européenne, consistant en un fonds de solidarité de 500 milliards d’euros. Reposant sur un principe d’endettement commun des Etats européens, l’instrument représente un tournant dans la doctrine économique allemande, qui refusait jusqu’alors le principe d’une telle responsabilité partagée de la dette.
Le 1er juillet 2020, l’Allemagne prend la présidence tournante du Conseil de l’Union européenne. Six mois (juillet-décembre 2020) durant lesquels Angela Merkel contribue à la construction d’un compromis entre les 27 Etats membres de l’UE, qui approuvent définitivement le plan de relance européen de 750 milliards d’euros.
Bien que des voix s'élèvent pour réclamer un cinquième mandat, la chancelière écarte totalement cette éventualité et, en septembre 2021, moment de sa retraite politique, la première femme à diriger ce pays d’Europe de l’Ouest aura égalé le record de longévité de Helmut Kohl avec 16 années au pouvoir.
La course à la succession de la dame élue Chancelière le 22 Novembre 2005 est ouverte et, nombreux sont les candidats qui se lancent d’ores et déjà dans la bataille.
Il s'agit notamment de :
Armin Laschet : Il a été élu de justesse à la tête du parti chrétien-démocrate en janvier et est l'actuel président de la région la plus peuplée d’Allemagne, la Rhénanie du Nord-Westphalie. Choisi par ses camarades qui l’ont préféré au populaire dirigeant bavarois Markus Söder, patron de la CSU, parti-frère de la CDU, pour mener le camp conservateur à la victoire. Armin Laschet - père de trois enfants et âgé de 60 ans, est partisan de la continuité avec le cap centriste d'Angela Merkel.
A sa place, aurait initialement dû se trouver Annegret Kramp – Karrenbauer mais, en février 2020, l'ex-dauphine d'Angela Merkel avait, renoncé à succéder à la chancelière et abandonné son poste de présidente de la CDU.
Annalena Baerbock : Deuxièmes dans les sondages, juste derrière la CDU (20 à 23 % des intentions de vote contre 27 à 28 % pour le parti de centre droit), les Verts ont fait le pari du renouveau pour tenter de conquérir pour la première fois de leur histoire la chancellerie. Annalena Baerbock, 40 ans, n’au aucune expérience ministérielle à son actif, même au niveau régional ; Cependant, elle a été choisie pour conduire le parti écologiste lors des législatives de septembre prochain, au détriment de son charismatique partenaire à la tête du parti, Robert Habeck.
Olaf Scholz : Actuel ministre des Finances et vice-chancelier, cet homme âgé de 62 ans est membre du Parti Social Démocrate (SPD) depuis 1975 ; il en est d’ailleurs l’un des représentants de l'aile droite. Ancien maire d'Hambourg - deuxième plus grande ville d'Allemagne, Olaf Scholz avait pourtant perdu l'an dernier la bataille pour la présidence du parti face à un binôme d'inconnus, classés plus à gauche, Saskia Esken et Norbert Walter-Borjans.
Selon les sondages, il a malgré tout très peu de chances d'accéder à la chancellerie, le SPD stagnant à la troisième place dans les sondages, derrière la CDU et les Verts, avec 15 à 17 % des intentions de vote.
N.R.M