Originaires du département du Mayo Sava, dans la région de l’Extrême-Nord, 187 ex-jihadistes sont pour la plupart rentrés à pied du Nigeria voisin et se sont rendus aux autorités des villes de Kolofata et Mémé. Mercredi, ils ont été amenés à la base de la Force mixte multinationale (FMM) mise en place par le Nigeria, le Cameroun, le Tchad et le Niger pour lutter contre Boko Haram, né au Nigeria, mais qui opère régulièrement dans ses pays frontaliers.
Selon l’AFP, "ils ne courent aucun danger, aucun risque, au contraire, tout sera mis en œuvre pour les resocialiser, leur inculquer l’esprit du patriotisme, du civisme", a déclaré le gouverneur de la région de l’Extrême-Nord, Midjiyawa Bakari.
Un programme de désarmement, démobilisation et réinsertion (DDR) des anciens jihadistes de Boko Haram a été mis en place pour leur permettre de reprendre une vie normale. L'objectif est clair : offrir à ceux qui acceptent de déposer les armes de retourner à la vie civile. Le comité mis en place par le président camerounais prévoit que les armes soient collectées, les anciens combattants cantonnés et accompagnés, notamment dans des programmes de déradicalisation.
Un millier de ces ex-jihadistes sont rentrés au Cameroun depuis un appel en ce sens lancé il y a un an par le président Paul Biya, selon des sources militaires. La semaine dernière, environ 200 d'entre eux, parmi lesquels des enfants de moins de 15 ans, avaient déjà été amenés au camp de la FMM de Mora.
Après des enquêtes pour tenter de s'assurer qu'ils ont définitivement rompu les liens avec Boko Haram, ces ex-jihadistes seront transférés dans la localité de Mowouré, dans l’Extrême-Nord, où un terrain de 13 hectares leur a été alloué.
Des habitants de Mora n'ont pas caché leur inquiétude, "car certains ex-combattants regagnent directement leurs familles et commettent des exactions ou des vols avant de (se) fondre dans la nature", s’est offusqué l'un d'eux, Ousmane Djouba. L'Extrême-Nord est régulièrement la cible d'attaques de Boko Haram depuis plusieurs années. Si la fréquence des attaques jihadistes du côté camerounais a baissé ces derniers mois, elles restent nombreuses dans le nord-est nigérian.
Fin janvier, trois civils ont été tués lors de l'attaque d'une localité de l'Extrême-Nord, Manguirlda, imputée à des jihadistes de Boko Haram qui voulaient enlever des prêtres occidentaux. Depuis son apparition il y a neuf ans, Boko Haram, actif dans les pays frontaliers du lac Tchad (Nigeria, Cameroun, Niger et Tchad), a provoqué la mort d'au moins 20.000 personnes.
Otric N.