Alors que la population rêvait déjà d’une vie paisible, le groupe terroriste Boko Haram a resurgi dans la région de l’Extrême-Nord, après quelques mois d’accalmie. Dans la matinée de lundi 10 juin dernier, un poste de la Force mixte multinationale (FMM) de lutte contre la secte islamiste dans l’île de Darak dans le département du Logone-et-Chari, sur le lac Tchad, a été attaqué par ces terroristes qui voulaient prendre son contrôle.
A en croire le commandant de la Force Mixte, ces combattants appartenant à l’ISWAP, faction du groupe terroriste Boko Haram, sont venus à bord de pirogues et à moto. Ils ont attaqué la base militaire et le poste de gendarmerie de cette localité. « Vers 3h45 min, ce lundi 10 juin, plusieurs membres de Boko Haram ont attaqué le poste de la Force Mixte Multinationale et la brigade de l’île de Darak. Trois militaires et sept civils ont été tués et un militaire enlevé », a souligné à Anadolu, le Général de brigade Bouba Dobekréo, commandant du secteur 1 de la FMM, une coalition régionale engagée contre cette secte islamiste. On apprend de la même source, que Plusieurs boutiques et maisons ont été cambriolées par ces assaillants. « Les combattants de Boko Haram sont encerclés par nos forces dans leur cachette sur les îles. Nous tenons leur unique chemin de repli », a-t-il ajouté.
Cette énième attaque survient deux mois après celle de la nuit du 06 avril dernier. Près de 4 militaires camerounais avaient également été tués au cours de violents affrontements contre ces djihadistes dans la même région. L'attaque avait toujours visé un poste de la FMM dans la localité de Sagmé, frontalière au Nigéria. Toujours en avril 2019, au moins 7 civils, dont des vieillards, morts calcinés, de nombreux blessés ont été enregistrés au cours d’une énième attaque de cette secte terroriste basée au Nigeria, qui sévit depuis 2009 dans les pays frontaliers. Ils avaient également emporté plus de 200 sacs de mil et 300 sacs de haricots.
Malgré toutes les mesures mises sur pied par le gouvernement pour lutter contre ces djihadistes, les attaques se multiplient dans cette région ces derniers mois. Le Cameroun est officiellement en guerre contre cette secte depuis mai 2014. Le conflit a connu son paroxysme entre 2014 et 2015, avant de baisser légèrement en intensité. Mais depuis quelques mois déjà, des enlèvements, des assassinats et des pillages sont recrudescents. Actif dans les pays frontaliers du lac Tchad, Boko Haram, a causé au moins 27.000 morts et a provoqué le déplacement de 1,8 million de personnes depuis son apparition en 2009.
Marie MGUE
Originaires du département du Mayo Sava, dans la région de l’Extrême-Nord, 187 ex-jihadistes sont pour la plupart rentrés à pied du Nigeria voisin et se sont rendus aux autorités des villes de Kolofata et Mémé. Mercredi, ils ont été amenés à la base de la Force mixte multinationale (FMM) mise en place par le Nigeria, le Cameroun, le Tchad et le Niger pour lutter contre Boko Haram, né au Nigeria, mais qui opère régulièrement dans ses pays frontaliers.
Selon l’AFP, "ils ne courent aucun danger, aucun risque, au contraire, tout sera mis en œuvre pour les resocialiser, leur inculquer l’esprit du patriotisme, du civisme", a déclaré le gouverneur de la région de l’Extrême-Nord, Midjiyawa Bakari.
Un programme de désarmement, démobilisation et réinsertion (DDR) des anciens jihadistes de Boko Haram a été mis en place pour leur permettre de reprendre une vie normale. L'objectif est clair : offrir à ceux qui acceptent de déposer les armes de retourner à la vie civile. Le comité mis en place par le président camerounais prévoit que les armes soient collectées, les anciens combattants cantonnés et accompagnés, notamment dans des programmes de déradicalisation.
Un millier de ces ex-jihadistes sont rentrés au Cameroun depuis un appel en ce sens lancé il y a un an par le président Paul Biya, selon des sources militaires. La semaine dernière, environ 200 d'entre eux, parmi lesquels des enfants de moins de 15 ans, avaient déjà été amenés au camp de la FMM de Mora.
Après des enquêtes pour tenter de s'assurer qu'ils ont définitivement rompu les liens avec Boko Haram, ces ex-jihadistes seront transférés dans la localité de Mowouré, dans l’Extrême-Nord, où un terrain de 13 hectares leur a été alloué.
Des habitants de Mora n'ont pas caché leur inquiétude, "car certains ex-combattants regagnent directement leurs familles et commettent des exactions ou des vols avant de (se) fondre dans la nature", s’est offusqué l'un d'eux, Ousmane Djouba. L'Extrême-Nord est régulièrement la cible d'attaques de Boko Haram depuis plusieurs années. Si la fréquence des attaques jihadistes du côté camerounais a baissé ces derniers mois, elles restent nombreuses dans le nord-est nigérian.
Fin janvier, trois civils ont été tués lors de l'attaque d'une localité de l'Extrême-Nord, Manguirlda, imputée à des jihadistes de Boko Haram qui voulaient enlever des prêtres occidentaux. Depuis son apparition il y a neuf ans, Boko Haram, actif dans les pays frontaliers du lac Tchad (Nigeria, Cameroun, Niger et Tchad), a provoqué la mort d'au moins 20.000 personnes.
Otric N.