L’ambassadeur du Cameroun au Congo s’est senti lésé par les propos tenus contre sa personne dans les colonnes du journal l’Avenir. À cet effet, il entend faire rétablir sa « dignité écornée ».
En premier page de ladite parution, en gras et rouge vif, comme pour marquer l’emphase, le journal apprenait au potentiel futur lecteur que l’ambassadeur Komidor Njimoluh s’en donnait à cœur joie contre le président de la République et le Secrétaire général de la présidence de la République, Ferdinand Ngoh Ngoh. Ceci non sans insister sur le caractère planétaire de ce qu’il a nommé scandale.
En contestation de ces propos, le chef de la mission diplomatique camerounaise à Brazzaville a saisi le Conseil national de la communication (CNC) par le biais d’une plainte rédigée le même 08 avril 2019. De source ayant eu accès à la plainte en question, il s’agirait entre autre d’une affaire de « chantage » qui a mal tournée.
En effet, a appris l’Agence Cameroun Presse, Komidor Njimoluh accuse le journal d’avoir publié un dossier sur sa personne « après avoir tenté vainement » de le « faire chanter tout au long du mois de décembre 2018 quand il réclamait de l’argent pour soi-disant couvrir une tribune de dénonciation des Camerounais à Brazzaville contre moi, il est revenu sous son vrai jour le 2 avril dernier pour un ultime harcèlement ». L’ambassadeur aurait produit selon certaines indiscrétions, un élément à charge qui n’est autre qu’un enregistrement d’une conversation qu’il aurait eu avec le journaliste « avant la publication de ces insanités outrageantes ».
Komidor Njimoluh selon notre source qualifie par ailleurs les allégations du journal l’Avenir de « grossières ». Il accuse dans la même plainte le directeur de publication du journal, Zéphirin Koloko « de se faire le colporteur d’un pamphlet sorti de séries d’affabulations, de compilations de délations contre ma dignité ».
Le diplomate espère pour finir, que le Conseil national de la communication engagera contre le journal L’avenir et son patron des actions susceptibles de permettre la réparation des préjudices causés à son endroit.
Selon Zéphirin Koloko, directeur de publication de l'hebdomadaire bilingue d'informations générales, l’arrestation d’Edgar Alain Mebe Ngo’o a permis de voir à quel niveau les fonctionnaires se situent dans le pillage des caisses de l’Etat. 448 vestes, 3 milliards récupérés en espèces à sa résidence, un parking d’innombrables véhicules, constituent entre autres choses saisies chez ce dernier. Mais pour certains, cette richesse de l’ancien ministre de la Défense représente juste l’arbre qui cache la forêt même s’il n’est pas le fonctionnaire le plus riche. Parmi les ministres, il y en a qui ont une bonne avance sur lui. C’est le cas de Louis Paul Motazé. Lorsqu'on l’a nommé Dg de la Cnps à l’époque, il a déclaré qu’il ne sera plus jamais pauvre. A sa nomination le 02 mars 2018 au ministère des Finances, c’est le Ruinart qui était utilisé pour se laver les mains dans son domicile. Il est donc possible qu’il ait réussi à amasser aussi bien pour lui-même que pour ses enfants et ses petits enfants. Sans amalgame ni contre-vérités, les images de la célébration de son dernier anniversaire ont révolté tous les camerounais.
Il suffit de parcourir l’entrelacs des réseaux sociaux pour comprendre le niveau d’impopularité de ce membre du gouvernement.
Dans notre rédaction, indique Zéphirin Koloko, « on ne compte pas le nombre de dossiers dont on a été saisi contre ce grand argentier présenté comme le dauphin putatif du président Paul Biya. Précisons bien que de manière statutaire, le Minfi a droit à 400 millions par trimestre. A cela s’ajoutent ces affaires : les sociétés d’Etat bradées, le blocage du projet Tnt qui a créé une brouille entre lui et l’ex-ministre de la Communication, Issa Tchiroma Bakary, le rapport au vitriole sur sa gestion à la Cnps dont nous avons eu copie et sur lequel nous reviendrons ».
On passe le temps à aller sur le marché de la Beac pour chercher des emprunts obligataires, alors qu’il y a des individus qui peuvent les financer. Non. On est en république. Et la chose publique appartient à de tous les camerounais. Aujourd’hui, vous avez le pouvoir. Mais vous finirez par le perdre. A ce moment là, les Camerounais chercheront à savoir ce que vous avez fait de leur argent.
Mebe Ngo’o a compris qu’on ne peut pas se moquer éternellement d’un peuple désabusé et démuni. Même si son affaire est politique, on finit toujours par être rattrapé par sa gestion. Quant à la théâtralisation des arrestations et des procès depuis le retour de l’opération épervier, elle sert à démentir l’idée qu’il existe une justice de classe. Et si le dignitaire déchu est aussi, pour son malheur, un présidentiable crédible, alors à défaut d’obtenir sa condamnation en droit, l’on l’obtient en réputation. Et le peuple, lui, en redemande.