Le ministre de l’Économie, de la Planification et de l'Aménagement du Territoire (Minépat) était face aux élus de la Nation pour élucider les axes stratégiques du gouvernement en matière de développement au cours de la prochaine décennie. En 20 feuillets (pages), Alamine Ousmane Mey a pu résumer le volumineux document de 243 pages.
D'entrée de jeu, le Ministre camerounais en charge de l'Economie précise aux députés que c’est « dans la perspective de maintenir le cap de la marche vers l’émergence à l’horizon 2035 que le Cameroun a adopté la SDN-30 ». Selon le Minépat, cette stratégie tire les leçons de la première phase (2010-2020) consignée dans le Document de stratégie pour la Croissance et l’Emploi (DSCE). L'objectif majeur récherché étant de faire passer le taux de croissance de 4,6% à 8,1%, la SND-30 est un document spécifique. En effet, il a pour ambition, énonce le ministre : « d’opérer de véritables et profonds changements fondamentaux dans les structures productives, industrielles, financières, administratives, sociales et environnementales, afin de favoriser une croissance économique forte, une prospérité partagée, un développement endogène et inclusif tout en préservant les chances des générations futures dans un monde où les menaces liées aux changements climatiques interpellent de manière critique ».
Les orientations de la boussole du gouvernement
De la présentation du membre du Gouvernement, il ressort « trois orientations fondamentales » de la SND-30. D’abord, « le mix import/substitution et la promotion des exportations », favorisé par les multiples conséquences de la crise sanitaire du COVID-19. Cette option s’explique surtout par le constat selon lequel « la forte extraversion de notre économie rend difficile d’efficacité nos politiques de relance et ne favorise pas l’éclosion de nos PME/PMI », apprend-on du Minépat. Face à ce contexte difficile, il question de : « combiner systématiquement les deux logiques, c’est-à-dire à la fois travailler à la substitution des importations mais aussi à la promotion des exportations, sur la base des avantages comparatifs et compétitifs des produits d’origine camerounaise », fait entendre Alamine Ousmane Mey.
Quant à la deuxième orientation de la stratégie, elle se décline sous l’option « d’un État stratège et pragmatique », postule le patron de l'économie. L’idée ici est de positionner l’Etat à la fois comme « facilitateur, mais également régulateur », en ceci qu’il facilite l’émergence du secteur privé comme moteur essentiel de la croissance économique et réalise fort opportunément des interventions ciblées dans des secteurs hautement stratégiques, « via le levier de l’investissement public et l’accompagnement des champions nationaux », note-on.
S'agissant enfin de la troisième, elle combine « planification stratégique normative (contraignante) et planification stratégique indicative (souple) ».
Devant les élus de la Nation, le membre du gouvernement s’est également appesanti sur les piliers opérationnels de la SND-30, lesquels sont aussi globalement présentés en trois ensembles. Ces piliers ont ainsi trait à « la transformation structurelle de l’économie ; le développement du capital humain et du bien-être ; la promotion de l’emploi et l’insertion économique ». Ils sont soutenus par ce que Alamine Ousmane Mey appelle « un pilier support » à savoir « la gouvernance, la décentralisation et la gestion stratégique de l’État ».
Le ministre souligne toutefois, que l'atteinte et la réussite de ces objectifs dépend fortement du recours à tous les leviers, aussi bien financiers qu’humains. Pour le Minépat, il faut « une meilleure appropriation et opérationnalisation par les différents acteurs ; une coordination renforcée et efficace des interventions des différents acteurs ; un financement adéquat de la stratégie ; et le renforcement du dispositif de suivi-évaluation de la stratégie », souhaite-t-il.
Innocent D H