Dans une tribune sur sa page Facebook ce dimanche, 30 août 2020, le roi des Bamendjou appelle les Camerounais à se mettre sur une même longueur d’onde pour assurer la construction du pays. Il s’insurge contre des mauvaises pratiques qui semblent avoir pignon sur rue, à l’instar du tribalisme, du vol et de la fraude électorale.
Analysant le fonctionnement actuel de la société camerounaise, le chef traditionnel constate : « le tribalisme monte en puissance, le vol s’intensifie, la fraude électorale s’érige en mode, tout est verrouillé, les hommes d’affaires et les commerçants soupçonnés d’avoir soutenu l’opposition sont asphyxiés avec les impôts, le régime tente de fabriquer ses propres hommes d’affaires ». Sa majesté Sokoudjou va plus loin en dénonçant d’autres fléaux qui minent le pays, aggravés en cela par la pandémie du coronavirus. « Le vent du corona est venu davantage étaler ses défaillances au grand jour. Toutes les sociétés laissées par le président Ahidjo ont été pillées et fermées, quelques fonctionnaires de la République ont supplanté les hommes d’affaires, ils se sont déjà partagé l’argent du pays et ils se partagent même déjà les terres ».
Dans cette tribune, le roi des Bamendjou ne partage pas l’idée d’une organisation des élections régionales avenirs au Cameroun. Ce qui l’amène d’ailleurs à s’interroger : « quel est ce pays où député est élu par 50 fonctionnaires ? Et dans ces conditions vous voulez organiser des élections régionales, de qui se moque-t-on finalement ? Dire cette vérité que vous-même vous connaissez, c’est faire preuve d’un manque de patriotisme ? C’est être contre mon pays ? Ce pays pour lequel j’ai sacrifié une bonne partie de ma vie ? Ne pas chanter la même chanson que vous et vous dire la vérité, c’est être antipatriote ? ».
Au regard de toutes ces réalités sociétales, Fo’o Sokoudjou Mpoda conclut ses propos en souhaitant une construction nationale dont la pierre angulaire reste et demeure la paix. « Nous voici aujourd’hui au carrefour de notre histoire, le changement est inévitable, c’est une question de temps, que vous le voulez ou pas. Nous nous devons juste d’œuvrer dans la vérité pour que tout se passe dans la paix, dans le calme, et être vigilant pour que ça ne quitte pas de la tête pour tomber à l’épaule. Nous avons en face un régime arrivé à saturation, qui n’a plus rien à proposer au peuple, il a donné sa quantité qu’il voulait et chacun comprends sur lui. Quand le sommeil attrape un adulte, on n’a pas besoin de lui rappeler qu’il doit aller dormir », chute le chef traditionnel.
Innocent D H
La journaliste Henriette Ekwe ne cautionne pas le fait qu’un Préfet menace verbalement une autorité traditionnelle.
Pour Henriette Ekwe, c’est tout simplement inconcevable de voir une autorité administrative proférer des menaces contre une autorité traditionnelle. La journaliste a réagi à la menace que Yampen Ousmanou le Préfet des Hauts-plateaux, dans la région de l’Ouest, a proférée à l’endroit de Sa Majesté Sokoudjou le roi des Bamendjou, par voie de correspondance. Henriette Ekwe dont les propos sont rapportés dans l’édition de ce 27 juillet 2020 du journal Le Messager, dit condamner fermement ce qui se passe entre Yampen Ousmanou et Sa Majesté Sokoudjou.
«L’expression citoyenne est une donnée fondamentale. Le régime de Yaoundé doit le savoir. Nous n’avons pas de leçon à recevoir des administrateurs civils pour avoir combattu pour la démocratisation et la libération de la parole au Cameroun. 30 ans après, c’est inconcevable qu’un préfet menace une autorité traditionnelle. Je proteste avec la dernière énergie contre cette méthode d’intimidation», déclare Henriette Ekwé.
Il n’y a pas que la journaliste Henriette Ekwe qui ne cautionne pas cette sortie du Préfet des Hauts-plateaux. Il y a également Mboua Massock, l’activiste et l’homme politique qui trouve que le roi des Bamendjou est une personne avec l’âme d’un upéciste. «Qu’une injonction du préfet vienne perturber notre action, cela ne nous enchante pas. Le chef Sokoudjou est un homme d’essence nationaliste, un upéciste dans l’âme dont nous avons besoins pour notre encadrement», affirme celui-ci.
Rappel
Le 24 juillet 2020, le Préfet des Hauts-Plateaux a adressé au Roi Sokoudjou, une mise en garde. Cette mise en garde est due au fait que Sa Majesté Sokoudjou a organisé en date du 18 juillet 2020, une concertation politique non déclarée, ceci en violation de la loi du 19 décembre 1990. Pour l’autorité administrative, le roi a mis en péril l’ordre public et la légalité. «Cette attitude de rébellion intolérable est incompatible avec les fonctions d’auxiliaire d’administration que vous assumez. Aussi, ai-je l’honneur de vous mettre fermement en garde qu’en cas de récidive, je prendrai toutes mes responsabilités conformément à l’article 29 du décret précité», a écrit Yampen Ousmanou.
Liliane N.