Cette dernière l’aurait abandonnée à sa naissance à la seule responsabilité de son père alors qu’elle n’était âgée que de quelques semaines.
Et, dix ans plus tard, la maman se souvient qu’elle a été mère et réclame que son enfant lui soit confiée. Pour avoir gain de cause, elle saisit la justice qui finalement lui donne raison. Elle n’a pourtant pas pris en compte, une réalité : Les liens qui existent entre le papa et sa fille, construits au cours des dernières années sont très forts ; elle a donc eu tort de croire que la fillette allait simplement la suivre, sans un regard en arrière.
Mais c’est à une scène toute différente, une de celle à laquelle on a rarement droit qu’on a assisté ce Lundi, dans un tribunal de la ville de Bertoua. Après le verdict du juge qui donnait gain de cause à la maman de la petite Audrey, la fillette a piqué une crise de nerfs.
Elle est restée accrochée à son papa, hurlant de toutes ses forces et, lorsque sa maman a voulu la prendre pour l’amener, elle s’est accrochée sur le cou de son papa. Un papa malheureux, qui assistait impuissant à la peine de son bébé simplement parce que le juge en a décidé ainsi.
Les hommes en tenue, appelés en renfort, n’ont rien pu faire. Le juge, venu en rescousse lui non plus n’a pas convaincu Audrey qui n’a eu de cesse de dire et répéter : « Je veux rester avec mon père. Je ne vais nulle part avec la femme là, je ne la connais pas, je veux rester avec mon père… ».
Les menaces de la maman n’ont servi à rien ; au contraire, elles n’ont fait que conforter la petite fille dans sa décision. Las d’assister à ce mélodrame, le juge a demandé au papa de libérer la salle et de laisser partir sa fille. Sur la vidéo, on voit le monsieur lever les bras et de dire : « Vous voyez que je ne la retiens pas, elle ne veut simplement pas se séparer de moi. Comment penser vous que je puisse convaincre une fillette qui n’a eu que son papa au cours des dernières années et lui dire de s’en aller avec une maman qui est juste revenue pour l’obliger à partir avec elle… ».
Au final, il a fallu négocier avec la fillette en espérant que si on lui explique calmement les choses, elle allait comprendre. Et, la maman qui accusait le père de son enfant d’avoir eu recours à la sorcellerie pour empêcher que son enfant l’aime a elle aussi été contrainte de changer de ton.
Cette scène remet au goût du jour, une question qui revient de manière lancinante : Dans des cas comme ceux là, est ce que les juges prennent en compte, toutes les composantes ? Qui s’inquiète des sentiments de ces enfants qu’on oblige à vivre, soit avec le père, soit avec la mère, selon les circonstances ? Que va devenir Audrey puisqu'elle est désormais obligée de vivre avec une maman qu’elle ne connait pas ?
Nicole Ricci Minyem