L'offre mise à la disposition de la Cotonnière industrielle du Cameroun (Cicam) reste visiblement en deçà de l'importante demande enregistrée. Mais l'embellie conjoncturelle estimée à plusieurs centaines de millions de F.CFA observée contraste malheureusement avec une entreprise surendettée, victime de contrebande, de concurrence déloyale, aux infrastructures vieillissantes et présentant des signes de banqueroute.
Comme la fête du travail ou la Journée mondiale de l’enseignant, la Journée internationale de la femme est considérée comme une période de bonnes affaires pour la Cicam. Son chiffre d’affaires passant aisément du simple au quintuple. Du décompte effectué par Nicolas Njoh, la production du pagne Jif 2019 a déjà atteint 5.000.000 de mètres, sortis de l’usine Cicam au 5 février 2019. « Nous recevons encore des commandes de dernière minute », indiquait le directeur commercial et marketing de la Cicam, dans les colonnes du journal Eco Matin à la veille de la fameuse journée.
Malgré cette embellie conjoncturelle, apprend-on, la réalité est pourtant différente. L’entreprise historique se meurt lentement du fait du commerce illicite, contrebande et contrefaçon. « La Cicam employait plus de 2000 personnes. Présentement on atteint à peine 1000. L’entreprise perd 2 milliards de F.CFA de fencies, alors qu’on devrait avoir entre 3 et 4 milliards de nos francs », indique Nicolas Njoh, au sein de la cotonnière depuis 1977.
L’activité commerciale de la Cicam s’exerce par l’intermédiaire de sa filiale Newco, rachetée en 1990 au groupe Cnf, alors premier client de la Cicam, qui avait décidé son retrait du secteur textile. La Société Newco, plus connue sous la marque commerciale, Laking Textiles est implantée sur tout le territoire avec un réseau de boutiques de vente en gros et au détail. Le groupe Cicam est devenu, au fil des ans, un ensemble intégré offrant au consommateur une large gamme de produits textiles distribués sur les principales villes et dans les marchés les plus reculés du territoire national.
Cicam, a pu, grâce à cette structure intégrée, résister aux crises économiques des années 1988 à 1993 et, est devenu le complexe textile le plus important de la région. Pendant 20 ans, de 1965 à 1985, la Cicam a évolué dans un environnement porteur, en particulier la deuxième décennie au terme de laquelle son chiffre d’affaires annuel a atteint l’équivalent de 70 M€ pour une production de filés dans ses usines de Garoua, de plus de 6.500 tonnes.
À cette époque, rapporte le journal, la progression de l’activité s’appuyait sur le développement des économies des pays africains, et du Cameroun en particulier, portés par un taux élevé du dollar et un prix soutenu du baril de pétrole à 36 $. De plus, la Cicam exportait une partie de ses produits vers le vaste marché nigérian. Ce retournement brutal de conjoncture a entraîné la Cicam dans un cycle de pertes chroniques.
Malgré des mesures de restructuration industrielle et de redéploiement commercial, prises dès 1989, l’endettement de la Cicam a atteint 15 milliards de F.CFA en 1992. Toutes les industries textiles de la zone se sont retrouvées dans une situation identique et les divers plans de redressement élaborés individuellement par la Cicam, Ucatex en Rca et Stt au Tchad n’ont pas abouti.
Ainsi est apparu en 1991, que le maintien économique d’une industrie viable dans la zone Udeac pouvait faire l’objet d’une approche régionale et, en accord avec la Caisse Française de Développement, appuyée par l’aide d’un consultant extérieur, Dmc va proposer un plan de restructuration de l’industrie textile de toute la zone.