Le politologue a indiqué entre autres raisons, que la réélection du Président de la république Paul Biya à la magistrature suprême, tient du fait, entre autres que d’après les électeurs, il est apparu comme le meilleur risque parmi les candidats à la Présidentielle de 2018.
Le 28 octobre 2018 le Pr Mathias Owona Nguini faisait partie du panel convié au programme Club d’élites diffusé tous les dimanches, sur la chaîne de télévision Vision 4. Appelé à réagir sur la réélection du candidat du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC), Owona Nguni a présenté les raisons qui justifient les résultats proclamés par le Conseil constitutionnel, qui donnent Paul Biya vainqueur de l’élection du 7 octobre dernier avec 71,28%.
«Première chose c’est une élection à un tour. Dans une élection à un tour le Président sortant a un avantage. Parce que symboliquement, il est connu dans tout le pays. Deuxième chose, l’ancrage organisationnel de sa formation, l’ancrage logistique, la puissance logistique et l’habitude de la compétition ce qu’ils ont appelé dans leur rhétorique la force de l’expérience. Troisième chose la dispersion des candidatures de l’opposition et le fait que parmi ces candidatures de l’opposition il y a des néophytes qui étaient à leur première élection présidentielle, quelle que soit leur qualité individuelle. Tous ces éléments concouraient à faire que l’avantage du sortant soit confirmé», a-t-il déclaré.
L’économiste Dieudonné Essomba invité aussi du programme, a tenu à indiquer que Paul Biya a réellement remporté cette élection. Et il n’y a rien de surprenant aux résultats rendus publics le 22 octobre dernier. Toutefois l’économiste pense que le problème de cette victoire se pose pour la transition qui aura lieu un de ces quatre. «Est-ce que ce n’est même pas le fait que le Chef de l’Etat ait réellement gagné et réellement gagné de manière aussi décisive n’est pas plutôt un risque. Parce que quelles sont les raisons pertinentes pour lesquelles on l’a choisi. Lorsqu’on regarde, normalement un candidat est élu pour son programme ou alors pour son bilan. Est-ce qu’on peut objectivement dire que ce sont ces facteurs-là, c’est-à-dire le programme et le bilan qui ont conduit à choisir le Chef de l’Etat. Moi je pense qu’en réalité, le Chef de l’Etat a réellement gagné. Mais c’est parce que précisément nous n’avons pas joué un jeu politique», s’est-il interrogé.
Pour Dieudonné Essomba le Chef de l’Etat a été choisi sur des bases purement ethno communautaires, soit grâce à l’action des élites. «Et donc il n’y a pas eu un débat véritablement politique. Et ça c’est peut-être bien pour le Chef de l’Etat, mais ça pose un grand problème pour les perspectives politiques à vivre. Parce que quand il ne sera plus là, est-ce que la personne qui sera après lui aura la même marge de manœuvre», a-t-il ajouté. Emmanuel Ntonga le président du social democratic front pour le Centre qui prenait aussi part à l’émission, a souligné que la victoire du Chef de l’Etat est surprenante.
Ces raisons étant, a-t-il déclaré «71% pour un Cameroun qui a voté à moitié, pour un Cameroun où on n’a même pas, je ne sais pas si on a dépassé les 2 millions d’électeurs. C’est quand même un résultat qui ne correspond pas vraiment à ce que le peuple camerounais attend. Vous savez on est plus de 24 millions aujourd’hui, et voire 2 millions de personnes qui vont à l’élection. Voire dans certaines régions comme dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest voire 5% seulement de la population. Donc c’est vraiment un résultat qui ne reflète pas le Cameroun que nous avons honoré».
Hervé Emmanuel Kom militant du RDPC a salué le travail de son parti politique qui d’après lui a conduit à la réélection du Président Paul Biya. «Celui que nous avons le Président élu est jusqu’à présent imbattable. Vous savez que le Brésil vote aujourd’hui. Au Brésil le vote est obligatoire. Au Cameroun le vote n’est pas obligatoire comme dans la plupart des démocraties. Alors si M. Ntonga estime que l’élection n’est bien que lorsque tout le monde a voté, il n’a qu’à proposer la réforme de la loi pour rendre le vote obligatoire. Le vote n’étant donc pas obligatoire, notre victoire n’est pas une maladie honteuse, nous sommes effectivement fiers de cette victoire. Il dit que les gens sont surpris. Non pas du tout…Nous on est content, on a travaillé et c’est la récompense du contraire du travail sur la paresse. La récompense de la vérité sur le mensonge. Nous n’avons pas une victoire arrogante mais c’est une élection qui est finalement la plus disputée au sens de l’histoire au Cameroun, la plus compétitive parce que elle a été très transparente», a-t-il déclaré.
Liliane N.