Depuis le 15 Février 2019, la pénurie d’eau potable s’est généralisée dans la ville de Garoua. Aux premières heures de la matinée, l’on aperçoit depuis deux jours en pleine ville, femmes, enfants et hommes avec des sceaux sur la tête ou des bidons à la main à la recherche du précieux liquide. « Voilà tout ce que j’ai pu avoir d’un puits après avoir parcouru plus d’un kilomètre. C’est grave et si ça dure, nous allons mourir et la qualité de cette eau est douteuse », s’inquiète Fadimatou Sadou, qui est parti de chez lui vers 3 heures du matin pour puiser de l’eau au quartier Poumpouré à Garoua. La problématique de l'approvisionnement en eau potable dans la capitale du Nord, est plus que jamais une épine dans les pieds des autorités administratives de la région du Nord-Cameroun.
De la cité mère (Garoua) aux cantons en passant par le quartier Lainde, l'accès à l'eau potable reste une équation difficile, mais à résoudre à tout prix et à tous les prix ; s'il est vrai que la consommation de l'eau souillée est peu causer de nombreuses maladies. Parmi les plus connues et dont le taux de mortalité leur a valu une notoriété, figure en bonne place le choléra que, nous le savons, a fait des ravages dans la région du Nord année. Voilà pourquoi certains observateurs avertis estiment que la bataille contre le choléra restera un combat de Sisyphe, tant que le problème de déficit en eau ne sera pas résorbé. Justement dans cette lancée, la ville de Garoua ne fait pas l'exception.
Les habitants du quartier Lainde n'ont pas toujours accès à ce précieux liquide depuis six jours. Les abonnés de la Camwater et les non abonnés se confondent presque. Jeannette, habitant du quartier Lainde, nous explique qu'ici, les robinets coulent de façon sporadique : " Il y a des fois on a l'eau ici trois ou quatre jours sur tout un mois. Et quand ça revient, ça ne fait jamais une journée. Ce n'est que le matin, parfois la nuit vers minuit ou deux heures que ça revient. Et à ce moment, on rempli tous les sceaux, mais ça ne peut pas faire deux jours".
Quand les robinets sont à sec, les habitants n'ont pas de choix, que de faire recours aux puits creusés dans les ravins, et dont les conditions de salubrité sont très douteuses. Aucune odeur de javel, et une fois de l'eau recueillie, elle ne subit dans la plupart des cas, aucune étape permettant de la rendre potable. Jeannette poursuit en signalant que ce déficit en eau la contraint à quitter le quartier dans un avenir proche : "Je ne peux pas supporter, je vais partir.
Parfois les gens viennent à la maison, ça sent à cause des toilettes.
Il n y a pas d'eau pour chasser et là où on va puiser là, il y a la colline. Mais chaque fin du mois on paie les factures". À en croire l’un des responsables de l’entreprise en charge de la production d’eau, fait ainsi face à sa toute première grave crise. « Il n’y a pas d’eau à Garoua et plus précisément dans le quartier Lainde à cause d’un problème technique, le problème sera résolu et la situation va retourner à la normale », explique au reporter joint au téléphone. A ce stade, les populations pointent du doigt les pouvoirs publics, qui pour eux, devraient prendre en main leurs responsabilités.
Félix Swaboka