Le porte-parole rompt avec le silence face à une vidéo de 11 secondes qui circule depuis quelques heures sur les réseaux sociaux où l’on peut entendre des prétendus membres du Mouvement de Libération du Cameroun (MLC), opérant à la frontière avec le Nigéria adresser de nouvelles menaces au Gouvernement camerounais et populations locales. Guibaï Gatama réagit en indiquant que le respect de la République, est la seule pour obtenir le retour du Grand-Nord au premier plan.
Sur son compte Facebook, le porte-parole des 10 millions de Nordistes, Guibaï Gatama réagit à l’appel du mouvement armé MLC : « La voie démocratique, dans le respect de la République, est la seule pour obtenir le retour du Grand-Nord au premier plan. Notre prise de conscience et notre détermination nous permettrons de relever de grands défis. Ensemble, tout est possible ».
Signalons que dans une vidéo de 11 minutes 58 secondes qui circule sur les réseaux sociaux depuis ce matin, des prétendus membres du Mouvement de Libération du Cameroun (MLC), un mouvement qui opère à la frontière entre le Cameroun et le Nigeria, adressent de nouvelles menaces au gouvernement camerounais et aux populations locales. En effet, dans leur enregistrement, Ils affirment avoir entrepris des négociations pour la libération de leurs leaders notamment : Marafa Hamidou Yaya, Gervais Mendo Ze, Iya Mohamed et autres. Mais affirment être manipulés et que certaines autorités de la ville de Ngaoundéré utilisent leur nom pour se faire de l’argent, ont relayé nos confrères du site d’information Actu Cameroun dans un article.
Innocent D H
Son promoteur vient de publier une note ce 29 juillet 2020 qui s’intéresse aux concours d’entrée dans les grandes écoles, ainsi que ceux de recrutement direct dans la fonction publique camerounaise. En effet, Guibaï Gatama indique que le Mouvement 10 millions de Nordistes vérifiera le respect des « règles applicables ».
Dans sa sortie, le promoteur du Mouvement 10 millions de Nordistes s’appuie sur le cadre législatif camerounais existant, qui exige des nombres de places précises aux candidats originaires des régions septentrionales du pays dans les concours concernant les grandes écoles du pays, ainsi que ceux de recrutement direct dans la fonction publique. Dans ce sillage, le Mouvement annonce la mise sur pied d’une Unité de veille et d’alertes.
« Le Mouvement engage en priorité cette unité de veille et d’alerte dont les mécanismes sont expliqués dans les cadres appropriés, à mettre en œuvre les actions destinées à assurer le respect des dispositions légales et réglementaires relatives aux concours administratifs, notamment les recrutements dans les grandes écoles (Enam, Ens, Emia, Iric, Police, Eaux et Forêts etc.). Car en application du décret N°82/407 du 07 septembre 1992 et de la décision N°0015/Minfopra/Cab/ d’août 1992, 30% des places sont réservées aux candidats originaires des régions septentrionales du pays », fait savoir Guibaï Gatama.
Pour la matérialisation de cette veille, le « Mouvement 10 millions de Nordistes » lance un appel à endroit des Nordistes à scruter, analyser et analyser et s’assurer que les résultats de tous les concours et admissions directes organisées par la Fonction publique respectent se fassent dans le respect des textes de la République en vigueur.
Guibaï Gatama précise par ailleurs que l’unité de veille s’intéressera également aux nominations dans les administrations et entreprises publiques afin de vérifier la représentation des Nordistes. De quoi permettre au directeur de publication de l’œil du Sahel au nom du Mouvement, de rappeler le slogan, « Notre voix compte, ensemble nous sommes forts ! ».
Innocent D H
En 2014, le président camerounais Paul Biya annonçait solennellement son entrée en guerre contre Boko Haram, présent surtout au Nord. Cinq ans plus tard et malgré les lourds moyens militaires investis, la menace n’est pas anéantie et les médias locaux se tournent davantage vers la crise anglophone qui frappe le pays.
Guibaï Gatama avance que la secte jihadiste conserve encore bien plus qu’une forte capacité de nuisance. Ce journaliste directeur de publication du tri-hebdomadaire L’œil du Sahel et naturel de Mokolo dans la région de l’Extrême-Nord, en pleine zone de conflit, a depuis des années consacré l’essentiel de son travail à la couverture du phénomène Boko Haram et ses conséquences.
« La situation est toujours difficile. Elle l’est moins toutefois que pendant les années 2014-2015 où l’armée devait prendre la mesure de la situation, où les populations devaient s’adapter, faire preuve de résilience. Ce que j’essaie de regarder, c’est la capacité de la secte à pouvoir continuer à mener ses actions, comme à Darak, sa capacité à franchir les tranchées pour venir mener ses actions terroristes ».
Le journaliste appuie son argumentaire sur les indicateurs humanitaires et économiques toujours aussi préoccupants : « On a les mêmes problèmes qu’avant, mais dans des proportions je dirais peut-être moindres. La situation humanitaire, elle est là, les déplacés sont là. L’activité économique peine à reprendre dans certains endroits. Ce qui est intéressant aujourd’hui, c’est la résilience de la population camerounaise. Si vous allez dans le Mayo-Moskota, globalement dans le Mayo-Tsanaga [régions de l’Extrême-Nord, NDLR], cette capacité est impressionnante quand même : après les attaques, les gens reprennent vie ».
Autrement, Boko Haram au Cameroun, quoi qu’un peu moins sous les projecteurs de l’actualité, n’en continue pas moins ses ravages. Une guerre désormais silencieuse ?
Si le Cameroun a été l’un des pays qui a le plus subi ces dernières années les assauts meurtriers de Boko Haram, le groupe jihadiste reste plutôt discret dans la couverture médiatique locale. Cela depuis l’émergence en 2016 de la crise anglophone, quand le conflit contre la secte jihadiste est progressivement sorti des radars.
Une situation que déplore Guibaï Gatama, journaliste, spécialiste de Boko Haram qui analyse les raisons de cette guerre désormais silencieuse. « De mon point de vue, cela s’explique parce qu’il y a de nouvelles zones de conflit qui ont émergé, notamment la crise
anglophone, et c’est proche de l’épicentre des médias. Les médias sont en grande partie installés dans le grand Sud, donc ils sont proches, il y a de l’émotion, il y a du débat autour. »
Pour le journaliste, « il y a aussi sans doute une méconnaissance du Nord-Cameroun par les Camerounais qui vivent dans la partie Sud ». « C’est une zone qui sur le plan économique n’est pas la plus attractive, explique-t-il. Donc le brassage des populations également
est moindre. C’est normal. Les autres Camerounais essaient de s’informer par les médias. Pour les médias, ce n’est plus le sujet d’actualité majeur, dont il y a un certain décalage, alors que la menace est là, le conflit est toujours là et que des milliers de Camerounais continuent de souffrir, de payer le haut prix du terrorisme. Et il y a une nécessité, il y a une urgence à se mobiliser et à continuer à combattre ce fléau ».
Innocent D H.