Cette distinction lui a été attribuée le week end dernier au cours d’une cérémonie organisée en marge des assises de la Session ordinaire du Conseil Municipal.
« En tant que citoyenne d’honneur de la ville, vous avez droit à notre respect et attention distingués… ». Des mots prononcés par les différents orateurs et qui apparaissent comme une reconnaissance qui pourra éventuellement effacer la honte et les heures sombres que cette dame a connues dès le 25 Avril 2020 alors que la justice populaire avait décidé d’en découdre avec elle.
Accusée de vol d’enfants
Les faits se déroulent à Manka, l’un des quartiers de la ville des Arts. Sans bien comprendre comment et pourquoi, Garan Awouwou est indexée par une foule en furie, qui l’accuse selon nos confrères de « 237 Online » d’être l’un des membres d’un réseau de vol et de trafic d’enfants.
Copieusement battue par des hommes et femmes, elle n’a la vie sauve que grâce à une patrouille des forces de maintien de l’ordre qui la tire des griffes de ces justiciers alors qu’elle était pratiquement aux portes de la mort, au regard des images qui ont circulé sur les réseaux sociaux.
Ouverture d’une enquête
Au cours des investigations, la diplômée de l’Enieg bilingue d’Edéa a passé quelques jours à la maison d’incarcération de Foumban et, nul ne sait ce qu’elle a pu subir comme sévices, au-delà du choc psychologique à cause des soupçons qui pesaient sur elle.
Un traumatisme qui ne va pas s’effacer de sitôt malgré le fait qu’à la fin, son innocence a été prouvée.
Le Mea culpa de tous
Dans son discours de circonstance, au cours de la cérémonie qui consacrait Garan Awouwou comme citoyenne d’honneur de la ville de Foumban, Patricia Tomaïno Ndam Njoya est revenue pour le regretter, sur les actes de barbarie connue par cette brave dame : « Foumban doit aspirer à être une commune juste, qui met l’être humain au centre de tout, en prônant les valeurs de la démocratie, de le diversité et l’équité. Ainsi avons-nous pris l’engagement d’œuvrer pour la sécurité, la santé et l’épanouissement de tous les citoyennes et citoyens de la commune…
Nous regrettons les scènes surréalistes de l’inquisition publique dont vous avez été soumise, jusqu’à votre extraction des mains de vos geôliers ou arrestations, et, votre déportation par les éléments de la Légion vers Bafoussam ont circulé de manière virale dans les réseaux sociaux, accompagnées des prises de positions aussi dures, de la part des internautes, chacun allant dans son sens… ».
Par ailleurs à travers cette distinction, madame le maire s’est fait le devoir, une fois de plus de sensibiliser les habitants de sa ville sur les conséquences de telles dérives tout en appelant à la responsabilité des parents :
« J’invite les uns et les autres à la retenue, à la vigilance bienveillante des populations. Je veux rappeler aux parents qu’il n’est pas prudent de laisser leurs enfants sans surveillance et il est important de savoir à qui on offre l’hospitalité…Enfin, je formule le vœu que pareille situation ne se reproduise plus car les populations ne sont pas investies de la mission de police ou de justice. De ce fait, j’appelle les habitants de Foumban à avoir foi en la justice et dans le respect des lois républicaines… ».
Malgré la célébration et les honneurs reçus, comment peut-on oublier de tels faits et continuer sa vie, auprès de ses bourreaux comme si rien ne s’est jamais passé ?
Nicole Ricci Minyem