Au cours d’une sortie dans le journal Cameroon Tribune du 18 mars 2021, le Secrétaire Général du Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais (Rdpc) propose un glissement sémantique. Au lieu d’utiliser l’expression « transition », Jean Kuete fait le choix de parler de « cohabitation » générationnelle. A y regarder de près, c’est précisément le concept qui sied au contexte et à la volonté politique du Chef de l’Etat.
Le dicton est célèbre : « Si jeunesse savais et si vieillesse pouvait ». Une phrase qui illustre à merveille ce qu’est véritablement la société camerounaise actuelle. A l’écoute du discours des médias et des hommes politiques qui y interviennent ces derniers jours, il semblerait qu’il faudrait vouer les plus âgées dans nos administrations aux gémonies, les brûler au buché, les envoyer à la guillotine pour laisser enfin ces jeunes marginalisés occuper toutes les fonctions de l’Etat. Bref, ils décrivent un monde administratif sans « vieux ». Ce discours installe au sein de l’opinion publique un climat de conflit entre les moins âgés et les plus âgés. Un véritable conflit de génération.
Mais la question à laquelle personne ne répond est celle de savoir : « à quelle âge est-on illégitime pour une fonction élective ? » Puisque pour les agents de l’Etat, le statut de la fonction publique et les textes qui organisent les carrières des agents de l’état règlent les question d’âges y compris des exceptions autorisées. Mais pour les fonctions électives, la loi prescrit juste les âges minimaux pour prendre part aux élections dans notre pays. A côté, le pouvoir discrétionnaire du Chef de l’Etat n’intègre pas les spécifications en termes d’âges pour le choix d’une personnalité à une fonction nominative. Dès lors, difficile de dire objectivement à quel moment précisément on peut exclure une personne de la gestion de la chose publique.
Transition Générationnelle, des critiques de mauvaises foi
D’aucuns parlent de l’incapacité physique à assurer certaines fonctions. Seulement, si l’on met sur la table la question des performances physiques et de l’état de santé, on verra très rapidement qu’il y a des personnes de 90 ans bien conservées et d’autres de 30 ans que la vie à très vite transformé en légume. Là encore, c’est aléatoire. Ce dont l’état a le plus besoin, c’est ce savant dosage entre la fougue de la jeunesse et la sagesse et le recul des aînés pour atteindre les objectifs de développement. De sorte que par la jeunesse, vieillesse pourra et par les moins jeunes, jeunesse saura. D’où la « cohabitation » générationnelle plutôt que qu’une transition absolue qui expurgera à terme ceux qui ne sont pas considéré comme « jeunes ».
Stéphane NZESSEU