Le groupe séparatiste Southern Cameroons Defence Force (Socadef) de Ebenezer Akwanga avait déclaré le 26 mars 2020 qu’il suspendait les combats en raison de l’apparition du coronavirus et afin de limiter sa propagation. Une décision de cessez-le-feu favorablement accueillie par Patrick Youssef, Directeur régional adjoint du Comité international de la Croix rouge (Cicr) pour l’Afrique.
Ce 06 avril, le haut responsable humanitaire, Patrick Youssef s’est exprimé sur les antennes de Radio France international (Rfi) à propos de la crise anglophone, surtout du cessez-le-feu décidé par le Socadef. « C’est un appel qu’on prend très au sérieux. Le Cicr est présent à Bamenda et à Buea. Nous apprécions ces appels qui vont clairement favoriser un travail humanitaire sécurisé, neutre et impartial », déclare-t-il.
Le directeur régional adjoint du Comité international de la Croix rouge ajoute par ailleurs, « nous attendons une volonté de collaborer de la part des autorités camerounaises ».
En rappel, c’est le secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies (Onu) qui avait lancé l’appel au cessez-le-feu sur tous les théâtres de conflit, à cause de la pandémie du coronavirus. Un appel a reçu la réponse favorable du Socadef, l’un des trois mouvements séparatistes dans la partie anglophone du Cameroun. Le Gouvernement suisse qui avait une fois assuré la médiation dans le processus de résolution de la crise anglophone avait salué cette importante décision. Décision également bien accueillie par les Etats-Unis, à travers Tibor Nagy, le sous-secrétaire d’Etat américain en charge des Affaires africaines.
Toutefois, il convient de remarquer que les autorités camerounaises n’ont pas encore répondu à cet appel qui ne fait que retentir.
Innocent D H
Les sources sécuritaires qui ont rendu public cette information, ont mentionné la présence de deux travailleurs humanitaires de la croix rouge au cours de ce kidnapping qui a lieu au Nord Est du pays.
Le groupe de voyageurs a été intercepté par des insurgés du groupe Etat Islamique en Afrique de l’Ouest (Iswap) sur une route de l’Etat du Borno mercredi soir, selon ces sources : « Les terroristes de l’ISWAP ont établi un point de contrôle le long de l’axe Maiduguri-Damaturu mercredi vers 20h30 et ont emmené quatorze (14) personnes qui les ont confondues avec des militaires en patrouille », a affirmé à l’AFP une source sécuritaire.
Elle ajoute que : « Ils arrêtaient les automobilistes qui se dépêchaient de rejoindre Maiduguri à la nuit tombée. Parmi les victimes enlevées figurent un sergent de l’armée et sa famille qui revenaient d’un voyage. Deux membres du personnel de la Croix-Rouge ont également été emmenés, ainsi que six habitants partis cueillir des sauterelles en brousse – une friandise locale... ».
Une seconde source sécuritaire a confirmé l’enlèvement, affirmant que les jihadistes avaient trompé les automobilistes en montant un faux barrage sur la route près de Jakana. Ils ont adopté cette attitude depuis qu’ils se sont rendu compte que les travailleurs et tous ceux qui travaillent dans les contrées environnantes sont moins sur le qui vive, moins sur leur garde, parce que convaincus de la présence des forces de défense… ».
Dans un communiqué, l’ISWAP a revendiqué avoir fait 14 prisonniers, dont deux employés de la Croix-Rouge, à un faux point de contrôle installé par ses combattants dans le Borno, selon le site de surveillance Site Intelligence. Le groupe jihadiste a affirmé avoir capturé six soldats nigérians et huit civils chrétiens, dont deux employés de la Croix-Rouge.
Selon un représentant du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) Nigeria joint au téléphone, l’organisation n‘était pas en mesure de confirmer s’il s’agissait d’employés de la Croix-Rouge nationale ou du CICR. Des vérifications étaient en cours jeudi et, il se refuse à faire toute déclaration, pour ne pas « inquiéter les familles et mettre à mal, le moral des travailleurs qui ont décidé de s’engager dans les actions humanitaires… ».
L’ISWAP est une faction dissidente du groupe jihadiste Boko Haram, qui a commis de nombreuses attaques et attentats contre des civils. Les statistiques faites par les experts des questions de sécurité démontrent que « l’insurrection a fait plus de 35.000 morts et deux millions de déplacés dans le nord-est du Nigeria et s’est étendue aux pays voisins ».
N.R.M