Plus de barrière, absence totale du conteneur qui a servi d’abri à la police républicaine, en faction à l’entrée de la ruelle de Boni Yayi. Une équipe de médias, revenu pour des reportages a constaté une absence totale des hommes en uniforme sur les lieux. De l’entretien avec certains riverains de l’ex-chef d’État, il ressort que les équipements servant de blocus du domicile ont été emportés tard dans la nuit par les policiers, qui ont aussi quitté les lieux au petit matin.
Les voisins de Boni Yayi se disent soulagés de cette nouvelle situation. Ils restent néanmoins sont le choc : « Nous sommes contents de voir qu’il n’y a plus de policiers dans la rue. Maintenant nous souhaitons que l’ambiance qu’il y avait dans notre quartier revienne. Je pense que c’est progressivement ça viendra. Il faudra du temps pour passer aux oubliettes la psychose que nous avons vécu pendant plus d’un mois et, nous ne comprenons pas que dans les pays africains, les élections se passent toujours ainsi. Si tout le monde meurt, qui vont –ils diriger », a confié un cohabitant de l’ancien président à nos confrères de l’AFP.
Près de deux mois passés sous haute surveillance policière
Le domicile de Boni Yayi est mis sous haute surveillance policière depuis le 01er mai 2019. Gravement malade selon ses proches, la demande d’évacuation sur fonds propre de l’ancien président n’a pas trouvé un écho favorable auprès du juge d’instruction, qui souhaite l’écouter dans le dossier des violences post-électorales enregistrées à Cotonou.
A deux reprises, le juge s’est rendu à son domicile afin de l’auditionner, mais l’état de santé de Boni Yayi n’a pas permis à l’homme de loi de le rencontrer. Mais selon le Procureur Mario Metonou, il s’agit d’un refus de l’ex-chef d’Etat de se faire auditionner. C’est pourquoi il annoncé des mesures coercitives contre ce dernier.
Il faut noter que la levée de siège, constatée ce 22 juin, fait suite aux différentes rencontres de médiations tenues après les violents affrontements survenus à Tchaourou et Savè du lundi 10 au samedi 15 juin 2019.
Les habitants de ces villes et leurs autres compatriotes sont retournés à leurs occupations, voulant oublier la cruauté de ces heurts.
Nicole Ricci Minyem
La crise qui secoue le Bénin depuis quelques jours est en train de prendre une allure inquiétante. Des centaines d'opposants béninois sont redescendus dans les rues de Cotonou jeudi 2 mai, où ils ont érigé des barricades enflammées pour défier les forces de l'ordre. Les manifestants dénoncent l’autoritarisme du président Talon.
La police et l’armée ont donné l’assaut à deux reprises jeudi contre la résidence de l’ancien chef de l’État à Cotonou. D’après les informations récoltées par RFI sur le terrain, deux personnes au moins ont été tuées dans l’intervention de l’armée appelée en renfort de la police. Les corps des victimes ont été déposés à la morgue. Et deux blessés ont également été admis en salle d'opération.
Sur les circonstances, l’avocat de Boni Yayi accuse l’armée d’avoir, « tiré sur la foule ». Le gouvernement n’a pas encore réagi, la hiérarchie militaire non plus. L’armée a pris le contrôle du maintien d’ordre sans éclipser la police. Camions et jeeps militaires circulent.
À noter que la violence semble s’être propagée au nord du pays. À Kandi, l’une des principales usines de coton du pays a été incendiée dans la nuit. Tout un symbole, puisqu’on sait que le président Patrice Talon a fait fortune dans ce secteur avant de se lancer en politique. Selon les informations de RFI, il y a eu une vingtaine d’interpellations à Cotonou. D'après le gouvernement parmi les meneurs figurent des étrangers. Ils seront présentés aujourd’hui au procureur.
Après les échauffourées d’hier, Cotonou est toujours en ébullition. La cerise sur le gâteau la spiritualité s’est invitée dans la danse. La rue de Boni Yayi est fortement gardée par les sentinelles inhabituelles. Un grigri hors pair y est posé. Cette amulette empêche les non-initiés d’accéder au domicile de Boni Yayi. Les manifestants visiblement dépassés par les événements aussi sont incapables d’aller voir leur idole. Les forces de défense et de sécurité, postées sur les grands carrefours et aux encablures du domicile de l’ancien chef d’État, n’ont pas voulu risquer leur vie pour détruire sans mesures appropriées ce qui y est posé.
Quelques témoins ont rapporté qu’il ne s’agit pas d’un épouvantail pour dissuader les gens. Mais plutôt d’un « gardien traditionnel ». Jeudi matin, après que le grigri ait été posé à l’entrée de la rue, un chien serait mort juste au passage, ont rapporté les témoins. Il faut dire que la foule s’agrandit et les forces de l’ordre s’échinent pour la contenir vaille que vaille.
Selon un analyste sur place contacté par RFI, la situation est tout à fait inédite. Jusque-là, le Bénin était réputé être un modèle de démocratie, avec une alternance politique depuis 1990. Cet observateur affirme que l’on peut « s’attendre à tout » dans les prochains jours, si un dialogue n’est pas ouvert rapidement entre l’opposition et le président Patrice Talon, réputé pour son jusqu'au-boutisme.
Source: RFI et Benin Web TV