Selon nos confrères de Radio France International (RFI), le gouvernement a d’abord considérablement restreint le fonctionnement du pouvoir judiciaire et, ce mercredi 18 mars, le président sortant du parlement a décidé de suspendre le fonctionnement de la Knesset jusqu'à la semaine prochaine.
L’allié du premier ministre Benyamin Nétanyahou, a immobilisé le Parlement afin d’empêcher à l’opposition d’en prendre le contrôle après qu’elle a obtenu une majorité lors des élections du 2 mars (61 sièges sur 120), les troisièmes en un an. Dans un geste inédit, Yuli Edelstein a ajourné après quelques minutes la première session de la nouvelle Knesset.
Il refusait de mettre au vote avant lundi, au mieux, son propre remplacement, malgré une requête de l’opposition, et de laisser se former les comités parlementaires censés exercer un droit de regard sur l’action de l’exécutif. Dans l’après-midi, le président israélien, Réouven Rivlin, a appelé en vain M. Edelstein à ne pas « saper la démocratie israélienne ».
Ce dernier a justifié sa décision par des questions de procédure, et affirmé que son remplacement « interférerait » avec des négociations en cours pour former un vaste gouvernement d’union, qui réunirait en urgence le Likoud de M. Nétanyahou et une partie de son opposition. Pour lui, soumettre ce différend à un vote en plénière entraverait les négociations menées par les deux partis en vue de la formation d'un gouvernement d'union.
Un coup dur pour le camp d’en face
Pour l'opposition, l'avenir du système démocratique israélien est en jeu. Le Likoud, le parti au pouvoir en Israël, utilise-t-il la crise du coronavirus pour s'octroyer des prérogatives contraires au fonctionnement démocratique ? Pour Benny Gantz, la situation est suffisamment dramatique pour s'adresser solennellement aux Israéliens. Pendant les travaux, celui qui a été soutenu par une majorité de députés pour former un gouvernement a dénoncé une « tentative sans précédent et anti-démocratique » d'imposer « par la force » un arrêt de l'activité parlementaire. Et il a accusé son rival Benyamin Netanyahu ainsi que le président sortant du parlement, Yuli Edelstein, d'être responsables de ces manœuvres.
Condamné par le président israélien
Mais la suspension temporaire du parlement est un coup de force inédit dans l'histoire d'Israël. Et Bleu-blanc a saisi la cour suprême pour obtenir l'annulation de cette décision. L'initiative a également été condamnée par le président israélien. Le chef de l'État a enjoint le président de la Knesset à « ne pas laisser la crise [sanitaire], aussi sérieuse soit-elle, endommager [le] système démocratique ». Pour Reuven Rivlin, le Parlement a un « rôle crucial » à jouer dans la lutte face au coronavirus.
N.R.M