Adama Gaye, ancien journaliste sénégalais devenu un virulent critique du pouvoir du président Macky Sall a été placé en garde à vue lundi 29 juillet puis déféré devant le parquet mardi 30 juillet pour «diffusion d'écrits contraires aux bonnes mœurs» et «offense au chef de l’État», a appris l'AFP auprès de son avocat.
Selon maître Koureyssi Ba le motif évoqué contre son client est relatif à ses publications jugées « contraires aux bonnes mœurs », délit puni par l’Article 256 du Code pénal. En effet, Adama Gaye avait auparavant fait un post sur sa page Facebook dans laquelle il traite le président de la république Macky Sall de « traître masqué déterminé à gravir les échelons de la société, en s’enrichissant au passage malhonnêtement ». Le journaliste avait longuement évoqué la question de l’attribution des licences pétrolières et gazières dans cette longue publication, apprend-on des médias locaux.
De ce fait, il a été interpellé lundi matin à Dakar par la Division des investigations criminelles (DIC, police judiciaire), qui lui reproche la « diffusion d'écrits contraires aux bonnes mœurs » et l'accuse d'« offense au chef de l’État », a indiqué à l'AFP son avocat, Cheikh Koureyssi Ba.
Il a été déféré mardi au parquet, selon son avocat. Le procureur dispose d'un délai de quatre jours à compter de lundi soir pour décider d'une éventuelle inculpation. « Je me considère comme un prisonnier d'opinion, un détenu politique retenu pour ses écrits basés sur des faits précis, des questions vitales par rapport à la souveraineté nationale du Sénégal, notamment la gestion des hydrocarbures », a déclaré mardi à l'AFP Adama Gaye, en présence de son avocat, Me Ba.
Se demandant ce qui est reproché à Adama Gaye, WalfQuotidien un journal sénégalais parut mardi rappelle que l’ancien collaborateur de Jeune Afrique s’attaquait régulièrement au chef de l’Etat et son entourage à travers les réseaux sociaux. Ce journal rapporte l’une de ses dernières publications : « C’est qu’après t’être retrouvé au cœur d’un autre méga-scandale, mêlant ton frère siamois escroc, Aliou Sall, et le "sulfureux" Frank Timis, mais lâcher nos hydrocarbures en des mains institutionnelles, individuelles et au milieu d’instances d’arbitrage et médisance coûteuses pour notre pays, te revoici encore à la manœuvre cette fois-ci cornaqué par un escroc d’origine camerounaise établi à Johannesburg (Afrique du Sud), Njock Eyuck Eyong, dont le parcours professionnel est parsemé de troubles judiciaires et d’escroqueries criminelles ».
Dans les colonnes de Vox Populi, un autre journal, l’avocat du mis en cause Me Ba informe que son client « assume une partie des écrits qui lui sont imputés mais nie le post sur son mur Facebook dans lequel l’on s’en prend au président de la République ».
L’organisation Reporters sans frontières (Rsf) a réagi à l’arrestation de son consultant pour demander sa libération dans un message posté sur Twitter.
Danielle Ngono Efondo