Le Cameroun est désormais mis au ban des pays qui mettent en œuvre l’Initiative pour la Transparence dans les Industries Extractives (Itie). Depuis 1er avril dernier, le pays est “ suspendu ” de cette “ norme mondiale pour la bonne gestion des ressources pétrolières, gazières et minières ”. En cause, la non production du Rapport Itie 2018, au plus tard le 31 mars dernier, délai de rigueur.
A l'échelle mondiale, sur le site de l'Initiative pour la Transparence dans les Industries Extractives, le statut du Cameroun est désormais représenté en “ Orange ”. Jusque-là, le pays était représenté en “ Vert-citron ” plus tôt pour dire que le pays a réalisé des “ progrès significatifs ” mais pas “ satisfaisants ”. Le Cameroun est ainsi le deuxième membre de l’Itie, après Sao-Tomé et Principé, à être suspendu pour n’avoir pas été capable de produire son Rapport à temps.
Quatre autres des 55 membres de l’Itie à travers le monde sont actuellement suspendus du processus. Il s'agit entre autres du Guatemala et du Honduras (progrès inadéquats), tandis que de la République Centrafricaine (RCA) et du Myanmar (ex Birmanie). Ces derniers sont aussi mis hors-jeu en raison de l’instabilité politique qui y règne.
Il convient néanmoins mentionner que les instances internationales de l’Itie ont été indulgentes à l’égard du Cameroun. En effet, dans une correspondance du 18 février 2021, la présidente du Conseil d’administration de l’Itie, Helen Clark, avait prévenu le ministre des Finances (Minfi), par ailleurs président du Comité Itie-Cameroun, Louis-Paul Motaze. Elle écrit, “ Le Conseil d’administration de l’Itie a accordé une prorogation de 3 mois de l’échéance de déclaration pour la publication du rapport 2018, suite à la demande du groupe multipartite de l’Itie du Cameroun ”. Après avoir examiné les circonstances entourant la demande et considérant l’impact de la pandémie de Covid-19 sur la mise en œuvre de l’Itie, “ les membres du Conseil d’administration conviennent que : le Cameroun est admissible à une prorogation de la date d’échéance de déclaration pour l’exercice 1er janvier 2018 – 31 décembre 2018. Le délai de publication du rapport en souffrance est prorogé jusqu’au 31 mars 2021”, ajoute la présidente du Conseil d'administration dans sa correspondance au Minfi.
Malheureusement, même le ministre des Mines, de l’industrie et du développement technologique (Minmidt), Gabriel Dodo Ndoke, Vice-président du Comité Itie-Cameroun et le Secrétaire permanent du Comité Itie-Cameroun, Agnès Solange Ondigui Owona à qui une copie de la correspondance a été adressée n’ont rien fait pour mettre ce délai supplémentaire à contribution, apprend-on.
Comme l’annonçait déjà Helen Clark, “ si le Rapport Itie en souffrance n’est pas publié d’ici le 31 mars 2021, le Cameroun sera temporairement suspendu ”. Et c'est sans doute cette sanction qui est désormais en vigueur. Ce n’est pas tout puisque le pire pourrait advenir à l'avenir. Dans la correspondance sus évoquée, une sanction plus lourde est clairement précisée. “ La suspension ne sera pas levée tant [que] le rapport en souffrance ne sera pas publié. Si la suspension est en vigueur pendant plus d’un an, le Conseil d’administration procédera à la radiation du Cameroun ”, peut-on découvrir.
Innocent D H