Toutes les agences de voyages n’ont pas encore augmenté les coûts des transports. Mais celles qui l’ont fait savent très bien qu’elles le font en violation des dispositions du ministre du commerce. Du coup ils utilisent des moyens dissimulées pour amener leurs clients à payer les nouveaux prix, les prix spécial coronavirus.
Au quartier Tongolo ce jeudi matin, nous rencontrons un responsable d’une agence de voyage qui fait la ligne Yaoundé Bafoussam. Les passagers ne sont pas très nombreux. Puisque la grande quantité des départs se font dans la nuit. Très peu de voyageurs sont devant le guichet pour prendre un ticket de transport.
En temps normal, le coût du transport varie entre 3.000 fcfa et 3.500 fcfa en semaine (de lundi à jeudi). Ces prix connaissent généralement une certaine hausse le week-end. Les raisons sont le grand nombre de voyages pour les deuils et funérailles dans la région de l’Ouest.
Or avec la situation de crise sanitaire actuelle, il faudra tirer un trait sur les grands convois du week-end étant entendu que les activités de plus de 50 personnes sont proscrites. Les grands rassemblements qui amènent un flux important de passagers interdits, c’est le chiffre d’affaires de ces agences de voyages qui prend un sérieux coup. Alexandre N., le cadre de cette agence va nous avouer que le management de son entreprise était obligé de décider d’une augmentation des coûts du transport.
Ce d’autant plus que l’essentiel des bus de transports sont des bus de 70 places. Avec la décision du ministre des transports, ils ont l’obligation de ne transporter que 50 personnes au grand max pour un bus qui peut prendre 70 passagers. Ce qui fait un déficit de 20 passagers pour chaque départ. Mr Alexandre N. nous a fait une simulation.
« Tenez, pour un voyage sur Bafoussam quand on est à 3.500 fcfa, 20 passagers nous versent 70.000 fcfa. Donc ça fait 70.000 fcfa comme manque à gagner sur chaque voyage. Bien dites-vous que sur une journée on peut mettre sur la route 10 bus en tenant compte de ceux qui viennent de Bafoussam pour Yaoundé. C’est une perte nette de 700.000 fcfa par jour que notre entreprise enregistre. Or nous avons déjà fait des budgets tenants compte de ces revenus. Il y a les charges liées aux assurances, aux salaires des employés, des entretiens des bus et autres factures. On va faire comment pour rattraper le déficit budgétaire ? Qui va compenser ? Donc, si l’Etat n’a pas de mesures de compensations, qu’ils nous permettent de diminuer un tout petit peu le gap financier lié à leurs décisions. ».
Stéphane NZESSEU