J30. J60. J90. Il y a deux ans, au début de la pandémie, les premiers témoignages de personnes contaminées par le coronavirus ressentant encore des symptômes de la maladie plusieurs semaines après avoir contracté le coronavirus se multiplient sur les réseaux sociaux.
Des patients souvent jeunes, qui ont au départ développé une forme légère à modérée du virus et dont le mal persistant va vite porter un nom : le Covid long. Ou quand la maladie semble faire de la résistance dans l’organisme alors même qu’il n’abrite plus le virus.
Si les vaccins anti-Covid ont une capacité modérée à empêcher la transmission du virus, en particulier face au variant Omicron, qui est associé à un échappement immunitaire, on sait toutefois qu’ils protègent des formes graves de la maladie.
Et ce n’est pas tout : selon plusieurs études scientifiques récemment publiées, la vaccination réduirait les risques de développer un Covid long. Et après une infection, elle pourrait atténuer les symptômes persistants.
Un effet protecteur observé
Au Royaume-Uni, l’Agence de sécurité sanitaire a passé au crible les résultats de huit études publiées sur le sujet. Selon six d’entre elles, les personnes vaccinées contre le Covid-19 qui ont ensuite été infectées par le virus sont moins susceptibles que les personnes non vaccinées de développer un Covid long. Mais dans des proportions qui varient de l’une à l’autre.
Une étude observationnelle américaine menée sur les dossiers électroniques de patients de la US Veterans Health Administration conclut ainsi que le risque de présenter des symptômes six mois après l’infection est réduit de 13 % chez les patients Covid vaccinés, comparés aux patients Covid non vaccinés.
Une étude britannique, menée sur un échantillon d’environ 1,2 million de personnes, rapporte quant à elle, un risque réduit de 50 % chez les patients vaccinés de présenter symptômes persistants. Une autre, qui n’a pas été validée par ses pairs, conclut à un risque réduit de 41 %.
“Ces résultats disparates ne sont pas surprenants, dans le sens où les scientifiques ne prennent pas tous les mêmes critères et symptômes pour définir ce qu’est le Covid long”, explique à 20 Minutes Dr Benjamin Davido, infectiologue et médecin référent de crise Covid-19 à l’hôpital Raymond-Poincaré de Garches.
Une protection qui n’est pas aussi forte selon l’âge
“Chez les moins de 40 ans, la tranche d’âge la plus touchée par le Covid long, on note une tendance protectrice du vaccin, qui n’est cependant pas évidente à évaluer pour cette catégorie de patients qui font le plus souvent des formes peu ou pas symptomatiques de la maladie.
Ce qui est intéressant par ailleurs, c’est que les études montrent qu’une vaccination à deux doses réduit de 40 % les risques de Covid long et de séquelles chez les plus de 60 ans, alors que c’est une tranche d’âge qui est plus susceptible de développer des formes graves de la maladie, nécessitant une hospitalisation et qui laissent des séquelles, ce qui en fait à mon sens une autre forme de Covid long, détaille l’infectiologue. On voit ainsi que la vaccination apporte une protection – intéressante mais pas totale – contre les séquelles et les effets persistants du virus”.
Un effet bénéfique sur les formes longues déjà déclarées
Selon la Haute Autorité de Santé (HAS), 20 % des patients Covid en France ressentent encore des symptômes cinq semaines après leur contamination. Et un sur dix souffrait d’un Covid long trois mois après l’infection.
“J’ai des patients qui ont été contaminés au début de la pandémie et qui décrivent encore des symptômes persistants tels que fatigue, essoufflement, brouillard cérébral et autres douleurs”, confie le Dr Davido.
Plusieurs facteurs expliqueraient ce phénomène. « Une virémie élevée, c’est-à-dire la présence de virus dans le sang, est associée à un risque accru de récidive et de Covid long, ainsi que la présence d’autoanticorps qui vont être dirigés contre l’organisme, mais peu d’anticorps protecteurs malgré l’infection, poursuit l’infectiologue.
Or, la vaccination va stimuler la production d’anticorps et permettre ainsi de neutraliser le passage du virus dans le sang, en réactivant le virus latent dans l’organisme. Elle vient ici soutenir la mémoire immunitaire de l’organisme déjà infecté et permet ainsi d’atténuer voire mettre fin aux symptômes persistants”.
Agir le plus tôt possible
Mais dans ce cas, mieux vaut ne pas traîner. Une autre étude américaine pré publiée, menée par la Covid Patient Recovery Alliance sur les dossiers d’environ 240.000 patients infectés par le coronavirus en mai 2021, révèle que les personnes qui ont reçu leur première dose de vaccin après avoir contracté le coronavirus étaient moins susceptibles de développer un Covid long que les non vaccinées et logiquement, plus tôt elles reçoivent leur injection après l’infection, plus le risque de symptômes persistants est faible.
“Mieux vaut ne pas trop attendre pour mettre en place une prise en charge, confirme le Dr Davido. J’ai une patiente qui garde des séquelles de son infection et qui n’est pas vaccinée. Or, la vaccination pourrait chez elle permettre une clairance du virus dans ses organes, elle qui a peu d’anticorps.
La vaccination doit rester au cœur de notre stratégie de lutte anti-Covid, c’est un outil précieux mais qui, comme les médicaments, n’est pas efficace à 100 % : il y a des gens chez qui elle marche et d’autres non. Ce qui est sûr, c’est que plus la prise en charge du Covid long est tardive, plus les effets persistants seront difficiles à combattre”.
N.R.M