Depuis la décision prise par le gouvernement d’alléger les mesures prises afin de venir à bout de cette pandémie, le goût assez prononcé de certains pour la bière, les liqueurs et autres boissons alcoolisées est de plus en plus visible.
Dès la tombée de la nuit, les rues de la cité capitale Camerounaise s’animent, laissant transparaître une ambiance de laisser – aller qui donne l’impression que quelques personnes, à cause du semi confinement, se sont senties comme en prison.
Quelques heures après avoir pris connaissance de la disposition suivante : « Il est désormais permis l’ouverture au-delà de 18 heures, des débits de boissons, des restaurants et des lieux de loisirs, avec obligation pour les clients et usagers de respecter les mesures barrières, notamment le port du masque de protection et la distanciation sociale », quelques uns affirment avoir poussé un « ouf » de soulagement :
Claude Abdel – débrouillard : Vous posez une question pareille ? Mais, vous savez que la vie dans notre pays est de plus en plus difficile et, après avoir souffert durant toute la journée, sous le soleil et la pluie, il est important de partager un ou deux verres le soir avec les amis, avant de rentrer à la maison. Cela permet d’oublier les problèmes, on saoule jusqu’à plus soif et à chaque jour suffit sa peine… ».
Maguy – tenancière d’un débit de boisson : « N’écrivez pas cela chez vous là bas mais, je dois avouer que nous recevions les clients habituels ici chaque jour, malgré les mesures du gouvernement. Certains restaient jusqu’à minuit, une heure parfois plus mais comme on ne mettait pas la musique et les portes étaient fermées, personne ne pouvait se rendre compte de ce qui se passait. Vous avez des clients qui font un mélange de vins rouge, de liqueur et certains ajoutent aussi la bière. La bouteille de whisky ici chez nous, selon la marque, coûte 25 mille en montant et oui, il y’a des clients fidèles qui peuvent prendre deux à trois bouteilles en un soir, mais c’est beaucoup plus pendant le week end ».
Paradoxalement, ils estiment que les masques sont très chers et largement au dessus de leurs moyens
Il est un constat qui se fait de plus en plus lorsqu’on fait le tour de certains coins chauds, Vendredi et Samedi soir. Les bars et autres sont bondés de monde et, nul ne pense à la distance sociale malgré le fait que les promoteurs de ces lieux s’attèlent à disposer les chaises en respectant cette mesure.
Cependant, c’est à peine si certains prennent le temps de se laver les mains. Les masques de protection sont quasiment inexistants de ce côté.
Au-delà des plaintes par rapport à l’inconfort ressenti en les portant, nombreux sont ceux qui affirment qu’ils sont excessivement chers. Bien évidement, c’est l’exemple de la Cicam qui est très vite donné :
« 1300 frs un masque, qu’on ne porte que pendant trois heures de temps, non non c’est beaucoup trop cher. Où pouvons-nous trouver de l’argent pour en acheter pour nous ainsi que pour les autres membres de nos familles ? Même ceux qui sont vendus en bordure de route, ne nous rassurent pas. Il en va de l’hygiène des personnes et qui les vendent, et qui les essaient. On pensait que l’Etat allait nous aider, en distribuant gratuitement les masques mais, on préfère vendre », déclare Jean Mpessa.
Pour Daniel Valère, il n’ya aucune comparaison possible : « Ne nous posez pas une telle question. La bière ou le verre de whisky que nous buvons pour atténuer les soucis rencontrés au quotidien et nous dire que nous pouvons privilégier le port du masque à ce que nous consommons, non, ce n’est pas la peine. Cela relève de la responsabilité du gouvernement, lui seul. Ces ministres et autres personnalités brassent des millions au quotidien et au lieu de nous offrir ces masques et gels, ils veulent que nous les achetions ? En plus, ils veulent nous obliger à les porter ? Les Camerounais n’ont pas ces moyens ».
Rares sont ceux qui ont été interrogés et ont reconnu leur part de responsabilité. Ceux là ont trouvé le moyen de siroter leur boisson, en utilisant les pipettes, ou alors en arborant des masques avec des fermetures.
Malgré cela, ils restaient quelque peu inquiets, à cause de toutes les mains qui manipulent les différentes bouteilles avant qu’elles n’arrivent sur la table pour consommation.
Le constat est clair et effrayant
Le nombre de personnes contaminées au quotidienne semble nullement interpeller les Camerounais. La plupart demeure dans la logique suivante : Cela ne peut pas m’arriver ou encore, c’est à l’Etat de prendre toutes les dispositions qui s’imposent, afin de les protéger.
Comment obliger un adulte, à opérer le bon choix, entre sa bouteille de bière, de liqueur et sa santé, ainsi que celle de son entourage, quand il reste dans la logique selon laquelle, c’est le Gouvernement qui doit être responsable de tout ?
Nicole Ricci Minyem