Un décret du président de la République lu le vendredi 14 décembre 2018 sur les ondes de la radio d'Etat du Cameroun, nomme Bertrand Soumbou Angoula, nouveau directeur de l'Ecole nationale supérieure de magistrature (Enam).
Après cet acte du chef de l’Etat, les débats s’enflamment sur l’âge du nouveau directeur de cette prestigieuse école qui forme les élites du gouvernement. Si les uns estiment que Paul Biya par cette nomination a finalement compris qu’il faut impérativement inclure les jeunes dans les hautes sphères des décisions, les autres pointent du doigt l’âge du promu - plusieurs médias parlent tant tôt de 32 ans et de 36 ans - comme un signe d’inexpérience pour un poste aussi stratégique.
De toutes les façons, «le nouveau directeur général de l’Enam est un trentenaire», tanche le politologue et enseignant d’universités Éric Mathias Owona Nguini. Pour lui, «c’est un cadre qui a une certaine jeunesse, pour ne pas dire une jeunesse certaine. Maintenant, les réactions établissement bien l’ambiguïté de nombreux secteurs de l’opinion qui en réalité font de la critique opportuniste. Ces secteurs qui avaient demandé entre autre un rajeunissement dans les sphères décisionnelles de l’Etat maintenant se plaigne paradoxalement que celui-là a été nommé alors que de leur point de vue, son cursus ne lui permet pas d’occuper ces fonctions-là».
«De toutes les manières, la nomination à ces fonctions est discrétionnaire bien entendu. On utilise un certain nombre de critères dont aussi ceux de la technicité et de la compétence pour pouvoir désigner le responsable à ce type de poste. Et puis, précisément, répondant à la demande, le président de la République a décidé effectivement de faire confiance à un jeune. C’est un pari pour dire bon voilà vous avez demandé qu’un certain nombre de jeunes occupent des positions de responsabilité importante, je fais donc le pari en nommant le directeur général et le directeur général adjoint, on va donc voir ce dont ils sont capables.
Maintenant, comme le disait l’un des heureux promus, c’est au pied du mur qu’on juge le maçon. On verra donc effectivement le directeur général et le directeur général adjoint à l’œuvre pour pouvoir apprécier. Mais c’est un bon signal qui devrait être poursuivi. Simplement dans le sens de montrer que l’Etat camerounais et ceux qui le dirigent se préparent aussi au moment important de la régénérescence. Pour qu’un système institutionnel et collectif vive, il effectivement préparer le passage des générations.
Mais, il est aussi important de dire que ce débat sur l’âge est un faux débat. Ce qui est important c’est la qualité des décideurs et des managers, ce n’est pas leur âge. C’est leur capacité technique, c’est leur profil intellectuel, c’est leur profil moral, c’est leur capacité à manager et ménager ceux qu’ils sont chargés de conduire. Donc, ne faisons pas de fétichisme sur l’âge. L’âge n’est important que dans la mesure où une société, pour avoir une certaine harmonie, doit pouvoir s’organiser sur la base d’une chaine de générations. Les anciens devant préparer les plus jeunes à exercer un certain type de responsabilités parce que la collectivité est une continuité».
Otric N.