Environ 36 voyageurs ont été enlevés mardi par des séparatistes présumés sur un axe routier de la région du Sud-Ouest du Cameroun, une des deux régions anglophones du pays en proie à un conflit armé.
«Plus de 30 personnes ont été kidnappées hier (mardi) sur l'axe reliant Buea à Kumba» dans la région du Sud-Ouest, a affirmé une source proche des autorités de cette région, confirmant une information d'un responsable d'une ONG de la zone.
Des hommes armés et non identifiés ont intercepté deux bus de transport commun près du village Ediki, localité située à quelques kilomètres de Kumba. Des sources témoignent que les passagers ont reçu l’ordre de descendre des bus. Les ravisseurs ont saisi les cartes nationales d’identité avant de les amener dans la brousse, intimant l’ordre aux chauffeurs de poursuivre le voyage vers Kumba avec des bus vides.
Cette situation a affecté le trafic sur la route pendant plusieurs heures. Les passagers qui se déplaçaient pour Buea ou Kumba ont décidé d’annuler leur voyage. L’on ignore toujours jusqu’ici où se trouvent les 36 passagers. Néanmoins, les forces de sécurité se sont déployées dans les environs pour essayer de retrouver les personnes enlevées.
L'axe sur lequel le kidnapping a eu lieu est devenu l'un des plus dangereux du pays en raison des assauts des séparatistes. En effet, depuis le début de la crise sociopolitique qui sévit dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, l’axe-lourd Kumba-Buea est un point chaud avec des affrontements fréquents entre les forces de sécurité et des hommes armés.
Depuis quelques mois, les enlèvements réguliers sur cet axe rendent progressivement les déplacements difficiles. En juin 2018, cette route était restée bloquée pendant quatre jours et le trafic a été paralysé sur cet axe reliant au moins cinq des six départements du Sud-Ouest: Fako, Meme, Ndian, Koupé-Manengouba, Manyu.
Ceux-ci multiplient les enlèvements d'autorités, de militaires et policiers, ainsi que des civils dans les deux régions anglophones en crise du Sud-Ouest et du Nord-Ouest, d'une part pour maintenir la pression sur le régime de Yaoundé et d'autre part pour exiger des rançons permettant aux groupes armés de tenir.
Dimanche, une enseignante a été ainsi enlevée sur un autre axe routier du Sud-Ouest et sa famille a dû verser à ses ravisseurs une rançon de deux millions de FCFA pour obtenir sa libération, de sources concordantes.
Les séparatistes anglophones militent pour la création d'un Etat indépendant dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest, théâtre d'un conflit armé depuis fin 2017. Des affrontements entre l'armée et ces séparatistes armés, regroupés en groupes épars dans la forêt équatoriale, s'y produisent depuis quasiment chaque jour. Dans ce conflit, se sont en outre invités bandits et pillards qui rackettent les populations et les entreprises.
Dans son message à la nation du 31 décembre, le président Biya a promis de neutraliser tous les séparatistes qui n’accepteraient pas son appel à déposer les armes, « si l’appel à déposer les armes que j’ai lancé aux entrepreneurs de guerre reste sans réponse, les forces de défense et de sécurité recevront instruction de les neutraliser», déclarait le chef d’Etat camerounais.
Otric N.