Les cris de détresse de la maman de Melanie vont au delà de cette humble demeure, dane le Quartier Eyebe située dans une banlieue de Yaoundé. La fillette, âgée d’à peine dix ans, a été retrouvée morte dans un fossé, alors que les recherches se poursuivent pour Jessica et Audrey, les compagnes de jeu de l’enfant décédé.
Les trois fillettes, de même que beaucoup d’autres enfants se sont rendus ce soir du 4 octobre, à la place retenue pour le déroulement du meeting organisé par les représentants d’un parti politique. Malheureusement, elles ne sont pas revenues dans les domiciles familiaux. Les parents inquiets, ont organisé les recherches afin de mettre la main sur les enfants qu’on croyait emportées par l’ambiance festive et carnavalesque de ces moments de quête d’électeurs. Hélas, c’est aux premières heures de l’aube de ce 5 octobre que l’on a finalement mis la main sur le corps sans vie de la fillette.
La présence de jeunes enfants dans les meetings politique
La disparition de ces trois enfants, vient mettre en lumière un phénomène vécu durant la campagne électorale. A côté des adultes, l’on a fréquemment vu des mineurs qui venaient gonfler les foules. Ils n’hésitaient pas à se joindre aux caravanes qui sillonnaient les artères des villes choisies pour conquérir les électeurs. La présence de ces écoliers, élèves et peut être aussi enfants de la rue scandant à tue tête, les slogans de campagne ou alors, reprenant les couplets des hymnes conçus pour la gloire du candidat du choix parental n’a jamais inquiété personne.
A aucun moment, les représentants des formations politiques battant campagne parfois très tard dans la nuit, n’ont semblé s’émouvoir de la présence de ces êtres fragiles, au milieu d’une foule dans laquelle pouvait se cacher, des individus à la moralité douteuse. D’ailleurs, la présence des artistes musiciens lors des meetings constituait un élément attractif pour ces petits innocents.
Autre chose, certains parents dont la présence en politique semble se limiter au manger, au boire et à la petite enveloppe offerte sous n’importe quel prétexte à la fin des rassemblements, ont quelquefois utilisé leurs progénitures pour revendiquer et obtenir ce qu’ils convoitaient. Aucun remords n’a semblé les habiter, lorsqu’il fallait se servir des enfants pour exercer un chantage aux personnes accréditées pour les mobiliser. Certains ont même entrainé les leurs dans les débits de boissons, parce qu’il fallait prendre la“ séparante” avec les camarades du parti.
Ce n’est peut être pas le cas des parents dont on déplore la perte des enfants mais, il n’en demeure pas moins qu’on a constaté comme une inconscience collective qui semble habiter ceux et celles qui se sont lancés en politique. Durant les deux dernières semaines, l’ordre des priorités a paru renversé. L’enfant, le jeune, l’avenir a été utilisé comme un pion qui a permis aux uns et aux autres, d’atteindre les objectifs qu’ils se sont fixés. Il leur fallait absolument mettre le paquet, parce que sept autres années à attendre, c’est long.
Rien ne justifie en outre qu’un établissement scolaire serve de bureau de vote et qu’il faille le fermer en avançant l’argument des réfections à faire parce qu’un candidat, qui dit prendre à coeur le devenir de la jeune génération, doit y exercer son droit et son devoir citoyen.
Il est peut être important de créer des lois ou alors, si elles existent, d’insister sur leur mise en application, afin de préserver ces mineurs qui se retrouvent engager dans un contexte qui ne leur sied pas.
Nicole Ricci Minyem